
Quelques applications pour la vie intérieure
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Tout ce qui apparaît dans ce qui précède, par l'analyse de textes souvent voilés, mais assez significatifs, devrait changer, plus ou moins considérablement l'approche et la pratique de la vie intérieure, la compréhension que l'on se fait de la Bhagavad-Gîtâ, par exemple, etc. etc.
Chacun peut tirer pour soi-même les conclusions qui lui paraissent s'imposer.
En Théosophie, il n'est guère question de prière, mais plutôt de méditation, à heures fixes, ou quotidienne. Mais cette Théosophie est la seule sagesse qui ait révélé clairement la présence fonctionnelle du Kumāra dans chaque être humain. Est-ce que cela ne découvre pas assez clairement des perspectives qu'on ne trouve pas dans les livres classiques de méditation et de vie intérieure ? Patañjali a-t-il quelque chose de clair à dire sur le sujet — à part sa mention d'Īśvara, « dont la désignation est AUM » 1 ?
Penser au Kumāra comme à un Dieu vivant — un « Être de Lumière 2 », une « colonne de lumière 3 » — à l'intérieur de l'être incarné, qui en reçoit tous les pouvoirs vivificateurs, avec lesquels il pourrait gagner l'immortalité ; penser que chacun est le temple d'une telle lumière, mais en même temps sa prison — est-ce que cela peut laisser indifférent ?
Quelques idées viennent à la pensée. N'y a-t-il pas urgence :
- à renoncer au statut de « geôlier » du « Dieu personnel »,
- à reconnaître l'alliance indissoluble avec ce Dieu retenu dans la geôle, l'« Ange gardien » et l'« Ami », qui nous accompagne, et dont nous ne tenons aucun compte ? Comme si tous les « talents » que nous avons — intelligence, créativité, amour, volonté, foi, capacité de sacrifice, etc, — allaient de soi...,
- à comprendre ce que la Loi de la Vie attend de nous, pour que nous nous élevions vers ce Dieu, pour communier avec lui, agir « à l'unisson avec lui » comme le suggère la Clef de la Théosophie 4 ?
N'y a-t-il pas urgence à reconnaître que les obstacles sur la voie résultent de nous-mêmes, et à chercher les moyens de libérer l'homme que nous sommes de ses entraves, pour incarner ce Divin, comme le veut notre plus haut Destin spirituel ? Urgence à renouveler l'alliance de l'« Âge d'Or » ?
En songeant à la méditation (dans l'esprit de l'enseignement de Jésus sur le « Notre Père »), il faut préparer la rencontre avec « notre Dieu », dans le cabinet secret, qui est sans doute un lieu choisi, privilégié par sa pureté et son magnétisme, mais aussi, évidemment, le cœur intime, qui est, dans la Bhagavad-Gîtâ, le sanctuaire où est présent le Divin (XVIII, 61, etc. etc.).
Les Tibétains répètent des milliers de fois « Om Mani Padme Hum ! ». N'est-ce pas une invocation à ce Dieu intérieur ? On pourrait traduire librement : « AUM, "mon Dieu" (Mani = le joyau) dans le Lotus (Padme) du Cœur » !
Il est vrai que AUM renvoie au Logos (Īśvara), mais le Kumāra en chacun de nous n'est-il pas le relais obligé entre le Logos et la personnalité humaine (c.-à-d. le Manas, associé à Âtma et Buddhi dans la formule A-U-M). Mais, pour accéder à ce sanctuaire, pour rencontrer le « Dieu personnel » (« mon » Dieu), ne faut-il pas se dépouiller du costume terrestre, du moi séparé et se revêtir de ce qui est de nature à être immortalisé ?
D'ordinaire, dans la vie intérieure qui comprend la « prière-pétition », le fidèle se tourne vers Dieu, en restant dans la peau du « Vieil Homme », qui, du fond de ses ténèbres, crie vers Dieu pour l'appeler au secours, pour être sauvé, avec sa peau de « Vieil Homme », qui n'en peut plus d'attendre et de souffrir.
Avec la Théosophie, il faudrait, pour s'approcher du Dieu intérieur, se dépouiller de ce « Vieil Homme » de tous les jours (homme, ou femme, Juif ou Grec, etc. dans l'esprit de saint Paul, évoquant la communion ou la réunion avec, ou dans, le Christ, où il n'y a plus « ni
homme, ni femme, ni Juif, ni Grec, etc... » 5).
Se revêtir de l'« Homme Nouveau », qui seul serait habilité à se présenter devant le Dieu, c'est créer la condition de la seule rencontre possible avec ce Dieu qui est « Connaissance » et « Amour » — se présenter dans ce qui serait immortalisable de la personnalité humaine, ou dans ce qui, vraiment, serait susceptible de représenter le Divin dans un être incarné.
On peut songer au chevalier, voué au service de son seigneur, qui vient se mettre à ses pieds pour recevoir de lui l'adoubement, qui scelle l'alliance profonde avec lui, avant de retourner dans le monde, pour défendre la cause de ce noble seigneur.
Il n'y a pas de « romantisme » dans la démarche de la méditation, même si les images prises pour l'évoquer en semblent toutes chargées.
On songe ici à la parabole du Fils prodigue, qui a beaucoup d'idées à suggérer dans notre présent sujet (voir Luc 15,11-32) :
Le fils prodigue s'en va dans le monde, en quittant son Père, chargé de sa part d'héritage. Loin de ce Père, dans un pays distant, il dilapide sa fortune, en menant une vie dissipée. Bientôt, il se trouve dans le besoin et se retrouve gardien de cochons, sans rien recevoir de personne.
La nostalgie s'empare de ce fils, devenu malheureux par sa faute. Il sent qu'il ne mérite plus d'être appelé le fils de ce Père. Il retourne vers son vrai foyer, avec l'intention de reconnaître sa faute à son Père. Mais ce dernier (quand le fils est encore loin, mais chemine, plein de pensées pour lui) sait que le fils lui revient. Il court à sa rencontre : ce sont les retrouvailles, pleines de joie. Le Père déclare : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et le voilà retrouvé ». Et ils se mirent à festoyer...
On songe à la Grande Orpheline, l'humanité, loin de son foyer divin et perdue dans le désert de l'ignorance, et des ténèbres qu'elle engendre.
On songe aux « morts-vivants » dont parle La Voix du Silence 6.
Avec la Théosophie, on lit beaucoup de vérités cachées dans cette parabole. Cependant, la situation du « Père » dans cette histoire est plus tragique, en réalité. Il accompagne le Fils qui, en quelque sorte, « crucifie » le Père au long de sa vie dissipée où il oublie le Père (c.-à-d., reste sourd à sa voix, malgré les efforts de ce Père pour se faire entendre). De vie en vie, le Kumāra est rivé au sort des personnalités successives, qui subissent le karma créé par les précédentes personnalités — le plus souvent en mésusant des pouvoirs reçus en héritage.
Par ailleurs, si le Kumāra divin a accepté de se lier à la Monade humaine par son sacrifice (plein de compassion pour cette Monade qui serait restée privée de la conscience réfléchie sans cette intervention), c'est aussi que ce Kumāra était encore entravé par un passé karmique dont il ne peut s'affranchir que par ce genre de sacrifice. Ce qui lie encore plus fortement cet « Ego-tout divin 7 » et la personnalité humaine, par un contrat de solidarité exigeante.
Dans le mythe de Prométhée, le Titan, attaché à son rocher, sera finalement délivré par Héraclès, lorsque ce héros, mi-humain mi-divin, aura accompli les « Travaux » qui lui seront imposés (par la loi d'évolution). On songe que cet Héraclès représente l'individualité humaine immortalisée, qui émergera finalement, en réunissant en un tout l'or de chacune des incarnations successives, immortalisées au cœur du corps karmique de l'entité humaine, grâce aux efforts de l'homme incarné et grâce à l'intervention vigilante du divin Prométhée, qui a accompagné l'homme sans relâche — pendant des millions d'années, depuis le milieu de la 3e Race Racine 8, c.-à-d., une éternité !
Il faudrait songer à tout cela, en s'engageant dans la vie intérieure, non pour se culpabiliser, mais pour mobiliser en soi toutes les forces vives disponibles. Toute démarche authentique du Fils vers le Père entraîne une conséquence : comme dans la parabole, le Père sait que le Fils lui revient, et il répond à sa manière. Pas forcément comme on l'imaginerait en se plaçant dans la peau du « Vieil Homme ». Le langage de l'Ego divin utilise toutes les voies permises par la Nature et par karma ; mais la réponse a lieu.
Ne pas s'identifier au « Vieil Homme », ce n'est pas se prendre déjà pour « l'Homme Nouveau » réalisé, mais se mettre en marche vers cette réalisation.
Peut-être peut-on, ici encore, s'inspirer de l'Évangile pour se disposer dans ce sens. En plusieurs passages, les hommes éclairés par la parole divine sont appelés les « enfants de lumière ».
L'expression est à retenir pour notre sujet.
L'enfant en bas âge (teknon) n'est :
- ni homme, ni femme,
- ni Juif, ni Grec.
Retrouver cet état d'enfance (comme le préconise aussi La Voix du Silence) c'est se mettre dans la condition,
- qui n'est plus celle du « Vieil Homme »,
- qui permet d'accéder à celle de « l'Homme Nouveau »,
en tout cas, qui ne met pas d'obstacles dans l'accession au Père Divin.
Cette expression est même très correcte pour désigner la fine pointe de l'âme humaine incarnée, puisqu'elle vient en droite ligne de la lumière du Père, « l'Ego divin » — « Être de lumière » — « foyer de la Lumière universelle du Logos ».
Dans le jargon théosophique : le rayon du Manas supérieur (le Kumāra) illumine la complexe machinerie psycho-physique de l'être terrestre, pour y faire naître précisément la « conscience manasique » de l'homme incarné.
On évoque ici le lien qui existe entre cette conscience et l'Ego supérieur, le Manas-Père : c'est ce qui est appelé Antahkarana 9. Il sert en quelque sorte de pont entre le niveau humain et le niveau spirituel divin.
Comme l'a écrit W.Q. Judge (dans l'article « Antaskarana »), il faut voir là un passage à double circulation (si on peut s'exprimer ainsi) :
C'est, d'une part, une sorte de « projection du manas inférieur vers le Supérieur » — pour accéder aux « régions spirituelles » — créant un lien avec ces régions qui peut se renforcer, si l'énergie qui soutient cette élévation est maintenue de façon régulière, mais, d'autre part, c'est par ce canal qu'arrivent de l'Ego divin toutes les impulsions supérieures pendant une existence donnée. L'inspiration musicale, artistique, poétique (si elle est vraiment spirituelle) vient de cette source, tout comme la disposition à la philosophie.
On comprend qu'il soit alors possible de renforcer cet Antahkarana au point de parvenir à éveiller toute la nature de l'être humain. Ce lien entre le Manas Supérieur (le Père) et ce qu'on appelle le « manas inférieur » (le Fils), une fois bien constitué, ne peut se rompre facilement. Si cela arrivait, il serait toujours possible pour l'homme conscient de le rétablir à tout moment.
N'est-ce pas l'une des fonctions de la méditation de renforcer ce lien, puisqu'elle mobilise la fine pointe de l'âme, dans sa plus grande pureté possible, pour la tourner volontairement vers sa source de Lumière, qui, trop souvent, « brille dans les ténèbres ».
N.B. Il faut considérer avec sérieux la conservation ou le rétablissement de ce pont dans la vie présente. Ce qui a été construit dans ce sens ne saurait être détruit par la mort, et devrait être rétabli au plus tôt lors d'une nouvelle existence. Et même si le lien paraît faible, pour l'instant, dans la vie tourmentée que l'on mène, « il est toujours possible pour l'homme conscient de le rétablir à tout moment », comme l'a écrit Judge 10.
Dans la mission des Théosophes, il revient cette tâche urgente d'attirer l'attention des humains sur les liens indissolubles qui les unissent au Divin, pour les éveiller d'une manière ou d'une autre à la réalité de leur parenté avec leur Dieu intérieur.
En parlant de méditation, on peut, bien sûr, dire beaucoup de choses sur les préparatifs nécessaires, sur les enseignements cardinaux à assimiler dans les traités de méditation, sur les obstacles psychiques à éviter, les afflictions à liquider, la maîtrise à obtenir sur tels et tels aspects de la personnalité séparée.
On peut encourager à se fonder dans l'Éternel, à se sentir en union avec la source infinie, voire absolue, de toute vie et de toute conscience. Tout cela est bien utile, et conforme à la Vérité. Mais, si la Théosophie a expliqué la constitution cachée de l'homme, les détails de son expérience posthume et les étapes de sa réincarnation, avec les lois qui régissent son évolution, c'est pour l'aider à organiser sa vie afin de réaliser le but fixé pour lui, dès le départ : l'immortalité.
Comme l'a encore écrit Judge dans un article (« Conditional Immortality 11 »), cette immortalité signifie « la vie éternelle du soi, de l'être humain personnel », à la condition pour lui de « s'absorber complètement dans sa nature supérieure ».
Avec cette précision : « Le manas inférieur est la seule partie de l'homme inférieur, incarné dans le corps et associé à la terre, qui puisse réaliser l'immortalité 12 ». Ce qui ne peut se faire « qu'en s'unissant à son autre moitié, le Manas supérieur 13 ».
Pour le moment, l'être personnel est périssable. À chaque nouvelle incarnation, l'Ego spirituel divin (le « Dieu personnel ») crée un nouveau manas inférieur, pour s'exprimer dans un nouveau véhicule, et engage ainsi une nouvelle expérience.
L'homme qui prend conscience de cela, et comprend le sens de la destinée, qu'il doit réaliser par ses propres efforts, va chercher l'alliance, aussi permanente que possible, avec le Père divin intérieur, grâce auquel l'immortalité de la conscience deviendra, tôt ou tard, une réalité.
Assurément, la démarche de vie intérieure inspirée par la Théosophie n'est pas un yoga parmi pleins d'autres. Et la méditation qu'elle recommanderait doit s'inspirer de l'ésotérisme de son enseignement sur les rapports de l'homme avec son Dieu.
Peut-être faut-il insister sur la nécessité de considérer le Soi-Ego divin (Kumāra, qui soutient notre personnalité actuelle) comme l'Ami fidèle si nous nous tournons authentiquement vers Lui, et nous rendons dignes de cette amitié.
Sans dévoiler le sens des mots qu'il emploie, Judge écrit à une amie :
« Rappelez-vous que l'ami, le plus grand et le plus sincère, est le Soi Supérieur. Celui qui a pour ami le Soi Supérieur possède tous les biens et ne manque de rien ; et le Soi supérieur est votre ami si seulement vous voulez bien recevoir cette amitié » 14.
Bien sûr, on peut identifier ce Soi Supérieur à Âtma, Âlaya ou Brahman, mais l'amitié ne suppose-t-elle pas un lien entre entités conscientes ?
Et dans les Notes sur la Bhagavad-Gîtâ (VI, pp.139-140) on trouve ces remarques pertinentes, et c'est précisément la tâche qu'il faut tenter : maîtriser son mental et ses désirs de manière à ne pas être attaché aux résultats.
« La vérité est que la bonne méthode n'est pas facile : elle requiert de la pensée et un effort mental, à exercer avec persistance et foi. Regarder fixement des points et s'adonner à des pratiques de ce genre, appelées à tort occultes, ce sont des choses aisées en comparaison avec la vraie méthode.
« Toutefois, nous sommes humains et faibles. Comme tels nous avons besoin d'aide, car le soi extérieur ne peut réussir dans la bataille. Aussi Krishna insiste-t-il sur la nécessité d'élever le soi inférieur à l'aide du soi supérieur, car l'inférieur est, pour ainsi dire, l'ennemi du supérieur et nous ne devons pas permettre que prévale le plus mauvais [Bhagavad-Gîtâ, VI, v. 5-6]. Tout dépendra de la maîtrise de soi-même. Le soi inférieur attire continuellement vers le bas l'homme qui ne s'est pas maîtrisé, car l'inférieur est si proche des ténèbres épaisses qui environnent les premiers degrés de l'échelle de l'évolution qu'il est partiellement démoniaque. Tel un poids lourd, il tend toujours à entraîner vers les profondeurs l'homme qui n'essaie pas de se maîtriser. Cependant, le soi est par ailleurs si proche de la divinité qu'une fois conquis elle devient l'amie et l'aide du vainqueur. Les Soufis, qui appartiennent à la secte mystique musulmane, ont symbolisé la chose dans leur langage poétique par une allégorie évoquant une femme ravissante, qui n'apparaît qu'un instant à sa fenêtre pour ensuite disparaître. Aussi longtemps que son amant parle de leur séparation, elle refuse de lui ouvrir la porte ; mais dès qu'il reconnaît leur unité, elle devient son amie fidèle. »
On note que Judge écrit (en parlant de la divinité intérieure) : le soi supérieur, sans lettres capitales. La « femme ravissante », qui apparaît furtivement à sa fenêtre, passerait difficilement pour Âtman, elle qui devient une « amie fidèle » de l'homme.
Bien sûr encore, l'attention à accorder à la « divinité intérieure » ne doit pas nous la faire considérer comme séparée du Logos, dont elle est une manifestation particulière en chacun de nous, comme il apparaît encore dans l'extrait suivant des Notes 15 :
« Beaucoup penseront qu'il est juste de s'attacher aux bons résultats, vu que c'est là l'opinion reçue. Mais c'est un manque de sagesse, car la seule raison en sa faveur tient à l'idée que, si l'on cherche le bien, on est un peu mieux que certaines autres personnes, passionnées pour les mauvais résultats, qui désirent les voir survenir. Cette idée engendre la séparativité et s'oppose au sens de l'identité, qu'il faut réaliser et sans laquelle il ne peut y avoir de véritable connaissance. Aussi devrions-nous imiter la Déité qui, tout en agissant comme elle le fait dans la manifestation des univers, demeure en même temps dégagée de toutes les conséquences. Dans la mesure où nous y parvenons, nous devenons la Déité elle-même car, en suivant les ordres du Seigneur ["notre" Īśvara] qui réside en nous, nous abandonnons toutes les actions sur l'autel en Lui laissant les conséquences.
« L'attitude à assumer est donc d'accomplir tout acte, petit ou grand, insignifiant ou important, pour la raison qu'il se présente à nous pour être fait, comme une simple chose à exécuter par nos soins, nous qui sommes les instruments de la volonté de cette Déité — qui est nous-mêmes ; [en anglais (p.51) 16 "ourself ", au singulier, "notre soi" individuel]. Il n'y a pas lieu non plus de s'arrêter à se demander si l'acte est de quelque utilité au Seigneur intérieur 17, comme certains s'en inquiètent. Quel bénéfice, disent-ils, pourrait-il tirer de ces petites actions journalières qui, une fois faites, sont aussitôt oubliées ? Ce n'est pas à nous de nous en préoccuper. L'acte qui plaît à ce Seigneur est celui qui est accompli tel qu'il se présente, sans nul attachement à son résultat, tandis que l'acte qui Lui déplaît est celui que nous faisons en désirant en recueillir quelque résultat.
« C'est là la plus haute pratique, celle que nous devrons apprendre un jour, et nous l'apprendrons. D'autres pratiques sont inculquées dans d'autres écrits, mais ce ne sont que des échelons pour nous faire accéder finalement à celui-ci. C'est pourquoi j'ai dit : entrons dans le Sentier dès que nous le pouvons. »
Ajoutons encore ces remarques des Notes 18 :
« Poursuivre cette pratique c'est entreprendre la véritable méditation qui bientôt deviendra permanente. Car l'homme qui surveille ses pensées et ses actions, de manière à n'accomplir que les actes qui doivent être faits, arrivera progressivement à une concentration qui accroîtra le pouvoir de la véritable méditation. »
Dans la plupart de ses écrits (comme les extraits précédents), Judge parle à des lecteurs qui sont encore généralement des débutants sur la voie spirituelle. Il emploie un langage encourageant (oserait-on dire : "maternel"), comme pour éclairer et stimuler des enfants désireux de comprendre et de progresser.
Bien différent (et "viril", aurait-on envie de dire) est le langage de La Lumière sur le Sentier destiné à des disciples appelés à cheminer sans béquilles.
Il y est cependant toujours question de l'alliance nécessaire avec ce "Dieu personnel intérieur" (dont on n'ose jamais prononcer le nom) mais qui remplit bien les fonctions qui reviennent au Mânasaputra ou Kumāra dans la personnalité humaine. Dans le contexte de la voie de l'aspirant, il va jouer le rôle du régent intérieur, du "guerrier" qu'il faut "laisser pénétrer en soi", pour que l'homme incarné n'ait plus d'autres désirs que la volonté spirituelle de ce Dieu, "éternel et sûr".
Les passages qui suivent (extraits de la 2ème Partie de l'ouvrage) sont très évocateurs, si on les interprète avec la clef que nous découvrons dans les présentes réflexions 19:
On retrouve ici évidemment l'enseignement de la Bhagavad-Gîtâ sur l'action, qui n'est pas entreprise pour soi (en se considérant comme « je suis celui qui agit », et en convoitant les fruits de l'action), mais comme une offrande, en accomplissant la volonté du Divin (ou la « Volonté Générale de la Nature », qui inspire directement le yogi qui s'identifie à son Dieu intérieur). Dans ces conditions (idéales), c'est le Dieu qui « mène le combat » et l'homme porte les coups (qui dès lors, ne tombent pas « à faux ») 20 :
On note l'importance attachée à chercher le guerrier, à le reconnaître, à le remarquer (comme le véritable ami, à bien distinguer des "ennemis" déguisés) — en dehors de la fièvre de la vie journalière, avec ses combats qui mobilisent le mental et le cœur.
« Connais-toi toi-même » (c.-à-d., « Connais le Soi, comme distinct du soi ordinaire ») est toujours à l'ordre du jour 21 22:
Finalement : « On ne peut atteindre l'Adeptat et le Nirvâna, la Béatitude et le "Royaume des Cieux" à moins de s'unir indissolublement avec son Rex Lucis — Seigneur de Splendeur et de Lumière — notre Dieu immortel en nous » 23.
Toutes ces idées sont reprises dans l'article de B.P. Wadia intitulé « Le Régent Intérieur » 24. Il faut absolument l'étudier afin d'assimiler au moins les quelques passages qui suivent (et sont directement en rapport avec notre sujet).
Après avoir cité Isis Dévoilée 25 dont bien des idées sont reprises dans l'article « Some Reasons for Secrecy » 26, B.P. Wadia écrit ces remarques capitales dont on ne peut guère retrancher une ligne :
1° — On ne peut rien faire dans la vie spirituelle à moins de découvrir d'abord le Dieu immortel en nous et de l'éveiller à l'activité
« Tout ce passage est d'une très grande inspiration. Nous avons à découvrir l'Être Immortel en nous. C'est Lui qui doit nous initier, c'est Lui qui doit nous apporter la lumière. Cet enseignement de H.P. Blavatsky est d'une valeur et d'une importance vitales en ce moment même. Sans la reconnaissance de ce fait principal, central, capital — qu'il existe en nous une entité immortelle dont les activités doivent être amenées à s'exprimer — nous ne pouvons rien faire dans la vie spirituelle. Le Royaume des Cieux ne peut être conquis par la violence que lorsque le Dieu Immortel en nous a été éveillé à l'activité et amené à s'exprimer. C'est pourquoi nous devons Le trouver. Ailleurs, H.P. B. dit qu'Il est le Maître des Maîtres, et qu'il n'y a pas de Maître au-dessus de cette Étincelle Divine et Immortelle qui se trouve en nous. H.P.B. insiste fortement sur le développement des pouvoirs de l'Ego Supérieur. Mais si nous nous examinons sincèrement, beaucoup d'entre nous constateront qu'ils dépendent trop des choses extérieures. Celles-ci peuvent être très bonnes, peut-être très précieuses, mais ce sont toujours des choses extérieures. Nous tendons à nous enfoncer dans une ornière fautive de plus en plus profonde. Si nous ne comprenons pas que toutes ces vérités nous sont données pour que nous les appliquions selon notre propre méthode, aucune puissance sur terre ou au ciel ne peut nous aider sauf nous-mêmes, nous persévérerons dans nos erreurs. Par conséquent, la confiance dans la conscience intérieure, dans le Soi intérieur, est nécessaire. »
2° — Découvrir l'intrépidité spirituelle, qui naît de la confiance complète dans le Dieu personnel intérieur
« Nous devrions nous reporter sans cesse à cette série vraiment merveilleuse de qualités énoncées dans la Bhagavad-Gîtâ (chapitre XVI). Elles sont destinées à ceux qui désirent parcourir le Sentier spirituel de l'Illumination. La première d'entre elles est l'intrépidité. En étudiant ceci à la lumière de ce qui a déjà été dit, nous pouvons nous demander pourquoi l'intrépidité est mise en avant comme première grande qualité nécessaire pour parcourir le Sentier. »
« Nous voyons en étudiant la Bhagavad-Gîtâ que le grand effort fourni par Arjuna vise à l'acquisition de l'intrépidité [Abhaya (Bhagavad-Gîtâ, XVI, 1), l'intrépidité, c.-à-d. la "non-peur"]. Mainte et mainte fois, il lui est dit : "Lève-toi donc et combats". Que signifie cette qualité d'Intrépidité du point de vue du progrès spirituel ? Elle est différente de l'intrépidité ordinaire dont fait preuve le soldat à l'armée, bien que cette qualité soit un reflet de la véritable Intrépidité spirituelle. Elle a une connexion avec ce que H.P.B. appelle l'Entité, le Dieu personnel intérieur. Les deux enseignements sont identiques, bien que donnés en langages différents. Tous deux sont des enseignements spirituels exposant la même vérité. »
3° — La vie spirituelle exige de développer le discernement qui conduit au véritable étachement
« Pourquoi la crainte nous domine-t-elle ? Parce que nous ne faisons que commencer à développer la première qualité de la vie spirituelle — le discernement. Quant nous sortons du silence de notre méditation sur le Réel, sur le Soi Immortel, pour retourner dans l'obscurité de ce monde, nous nous sentons saisis dans l'engrenage de l'irréel. Aussi longtemps que nous n'aurons pas maîtrisé parfaitement cette qualité du discernement, la crainte imprégnera notre vie. Lorsque nous commençons à discerner entre le réel et l'irréel, nous parvenons graduellement à assigner aux choses leur juste valeur. C'est parce que nous nous fions aux contingences extérieures, que notre discernement et notre détachement sont imparfaits. Nous passons de la forme à la forme, et non de la forme à la vie. La différence entre l'irréel et le réel constitue une différence d'espèce et non de degré. Nous n'en faisons très souvent qu'une différence de degré. Ce n'est pas là vivre la vie spirituelle. Nous devons en faire une différence d'espèce. Nous devons passer de la forme à la vie. Voilà le véritable discernement. La véritable absence de désir implique la compréhension du fait que toutes les choses sont réelles, mais ont des valeurs différentes ; elles ont à remplir des places différentes dans l'univers. C'est ainsi que, pour mener la vie spirituelle, le véritable détachement est nécessaire. »
4° — Il faut se ménager une retraite intérieure où l'on puisse consulter le "Général", "qui surveille le combat" et où l'on retrouve toute la force pour "tenir"
« Mais que faisons-nous habituellement ? Nous passons d'un objet à l'autre et laissons sommeiller la conscience intérieure. Nous croyons goûter l'illumination spirituelle quand nous traversons divers stades et prenons contact avec de nombreuses formes en récoltant les expériences que la vie extérieure a pour mission de nous donner. L'individu humain, — le moi en nous — a deux pôles. Ce "Moi" est continuellement affecté par le pôle inférieur. Nous ne touchons pas le pôle spirituel en nous, mais nous nous attachons constamment au pôle matériel. Les choses extérieures nous dominent au lieu que ce soit nous qui les dominions. »
« Nous devons donc être intrépides au point de vue spirituel. Nous devons avoir une retraite, une forteresse où nous puissions aller consulter notre État-Major — le "Général" [le "Général" assimilé au "guerrier" de la Lumière sur le Sentier] qui commande dans la forteresse; sans prendre directement part au combat, il nous dirige, nous guide et nous dévoile le plan de campagne. C'est de là que nous viennent la force et l'énergie spirituelles qui nous permettent de poursuivre la lutte et de "tenir". Sans cette attitude, nous ne pouvons "prendre le royaume des cieux par la violence". Nous devons avoir de la force pour le faire, sans quoi ce sera lui qui nous prendra par la violence. C'est ce qui se produit constamment. Il se livre, pourrait-on dire, un combat entre les différentes natures de l'univers. Nous, qui nous identifions avec le monde matériel, nous avons le dessous à chaque fois ; c'est ainsi que l'intrépidité doit être la qualité qui libère les hommes. »
« Plus puissant que le destin est "l'effort" ; voilà un enseignement qu'on répète sans cesse ; il est exact si nous nous identifions avec le pôle spirituel, mais il est faux si nous nous identifions au pôle matériel. »
5° — Il faut trouver son propre Sentier, pour exprimer le Soi intérieur, en acceptant de supporter sa charge de Karma
« Ainsi, dans nos méditations, dans nos études, dans notre vie quotidienne, nous devrions nous efforcer de trouver et d'exprimer le Soi Intérieur, sans trop nous en remettre aux choses extérieures. Trouvons notre propre Sentier, ne suivons pas la piste tracée par les autres. L'enfant, quand il grandit, découvre sa voie, sa tâche personnelle, ses propres compagnons, sa propre philosophie. Nous sommes trop portés à compter sur des chefs de file et, au lieu de prendre une partie du fardeau, nous confions aux Maîtres notre propre charge et parfois les Maîtres doivent nous repousser. Le grand Karma du monde pèse sur les épaules des Maîtres ; nous devrions le Leur alléger, non pas y ajouter des fardeaux supplémentaires. Soyons donc prêts à supporter notre propre Karma. »
6° — Avoir une idée claire de l'état de Disciple, qui ne relève pas de la personnalité ordinaire
« Ceci nous amène à la question de l'état de Disciple et de la recherche du Maître. L'état de disciple n'est pas du domaine de la personnalité, à moins que cette personnalité ne soit contrôlée par l'Ego, et que l'Ego ne commence à s'exprimer dans la personnalité. Nous pouvons parler de l'état de Disciple, en faire un sujet agréable de discussion, mais parvenir au point où le véritable pouvoir du Maître agit en nous et par nous, reste une impossibilité tant que cela n'est pas accompli. »
7° — Il faut d'abord trouver le Régent intérieur, immortel — l'« Initiateur des Initiés » (le Kumāra, le Soi-Ego divin)
« Le premier point requis, comme l'a dit H.P.B. consiste à trouver l'Entité Intérieure, ce Régent Immortel, cet Initiateur des Initiés. Ce travail doit se faire selon des stades définis — d'abord une conception claire de l'œuvre à accomplir, ensuite l'application constante de la doctrine du Régent Intérieur, non seulement dans la méditation et l'étude mais aussi dans la vie journalière. »
8° — La meilleure méthode c'est d'être attentif à la voix de la conscience — ce que nous avons de meilleur en nous — et de la suivre
« En matière de jugement, cherchons à agir à la lumière de ce qui nous vient de l'intérieur. Il importe peu que nous commettions des erreurs, nous avons tous fait des chutes dans le passé et nous pourrons toujours nous relever et continuer notre route. Si nous sommes sages, nous profitons de la leçon que nous donnent les erreurs des autres. C'est une façon de progresser, mais nous avons tellement de personnalité que nous sommes incapables de percevoir les grandes Vérités. Suivons donc cette voix intérieure de la conscience ; même si elle n'est pas la toute-sagesse, elle est notre conscience [la "voix" qui vient de l'Ego divin] ; et elle est ce que nous avons de meilleur en nous, et c'est pourquoi la meilleure méthode à suivre dans la vie spirituelle c'est d'écouter cette voix et de la suivre. »
9° — La voix intérieure ne se trouve guère dans les choses extérieures et le savoir livresque
« Nous comptons trop sur les choses extérieures, et c'est là la raison pour laquelle nous ne faisons pas de progrès.
« Nous pouvons étudier livre sur livre, trouver des nouvelles voies de Service ; mais tout ceci ne nous mènera pas à la vie spirituelle. Nous passons d'une forme à l'autre, alors que nous devrions procéder de la forme à la vie. »
10° — La première étape à réaliser : chercher le Régent perpétuel, c-à-d trouver le « Dieu personnel » en nous
« C'est au fond de nous-mêmes que nous trouverons le Régent que le feu ne peut consumer, que l'eau ne peut noyer, ni le vent disperser. [Voir Bhagavad-Gîtâ, II, 23-4]. Il est toujours présent à l'intérieur, perpétuel, éternel, nous aidant et nous guidant quand nous avons besoin d'aide et de guide. Trouver ce Dieu en nous — voilà la première étape à réaliser. »
11°— D'abord découvrir notre Régent immortel, puis aller dans le monde pour aider les hommes à se libérer
« Nous devons situer notre vie dans le monde des Dieux ; nous devons découvrir le plan où vivent les Maîtres et le faire nôtre. Leur monde est un monde de Vie, de Lumière et d'Immortalité. C'est là seulement que nous Les trouverons. On peut découvrir des traces de Leur présence de-ci, de-là, dans le monde, mais on ne Les y trouve pas eux-mêmes. Notre tâche consiste à découvrir notre Régent Immortel, notre Soi, et à aller ensuite dans le monde pour lui apporter le royaume des cieux. L'esclavage est mauvais et l'esclavage spirituel est le pire de tous les esclavages. »
12° — Pour hâter notre évolution: il faut éveiller le Seigneur « endormi », offrir tous nos efforts de discipline intérieure aux Maîtres de Compassion, les Maîtres répondront en nous aidant à libérer le monde
« Voilà la grande idée centrale de la vie spirituelle. Si nous ne la vivons pas nous ne ferons pas de progrès. Nous passerons d'une forme à l'autre, et dans la longue suite de l'évolution, quand nous arriverons sur le septième globe de la septième ronde, nous pourrons enfin nous trouver nous-mêmes.
« Mais nous voulons hâter notre évolution ; nous voulons faire aujourd'hui ce que l'humanité ordinaire fera dans un lointain avenir. Donnons donc, en offrande aux Maîtres qui aspirent à nous aider, nos méditations, nos études, notre vie quotidienne. Éveillons le Seigneur endormi en nous, [l'Īśvara personnel qui (paraît) endormi mais, en fait, est comme paralysé par le Moi] et les Maîtres de Compassion qui veillent sans cesse nous aideront à libérer le monde des liens de l'esclavage spirituel. »
Commentaire proposé
On remarque que B.P. Wadia insiste en plusieurs points (cf. 1°, 7°, 10°, et 11°) sur la nécessité de découvrir d'abord notre Régent intérieur, notre « Dieu personnel » ; la recherche de l'état de Disciple au service d'un Maître vient plus tard, dirait-on, quand la personnalité est sous le contrôle de l'Ego qui peut ainsi commencer à s'exprimer en elle (cf. 6°).
Peut-être y a-t-il ici un rapprochement à faire avec la fin de la Bhagavad-Gîtâ (XVIII, 61). Krishna commence par évoquer Īśvara qui est établi dans le cœur. C'est probablement l'Īśvara cosmique (le Logos) qui est visé, mais pourquoi pas son représentant dans l'homme, selon l'observation de Judge dans ses Notes sur la Bhagavad-Gîtâ, c-à-d, « la manifestation particulière de Brahma dans chaque être humain » ? Krishna ajoute, (ibid, verset 62) : « Prends refuge en Lui, de tout ton être » (sarvabhâvena, c-à-d, par tous les aspects de ta nature) « par sa grâce, tu obtiendras la paix suprême, l'état stable éternel ». C'est l'union complète de toutes les fibres de l'être avec « l'Initiateur des Initiés ».
Et Krishna de conclure : « Ainsi, je t'ai déclaré la sagesse [la doctrine ésotérique] plus secrète que tous les secrets. Pénètre-toi de cet enseignement et fais comme il te semblera le mieux » (ibid, v. 63).
Mais, pour le disciple, il y a ce supplément (ibid, v. 64-6) :
« Écoute encore ma parole suprême, la plus secrète de toutes, car tu es bien-aimé de
moi, et je parlerai pour ton bien.
Fixe ton mental sur Moi,
Sois mon bhakta,
Sacrifie à Moi,
Prosterne-toi devant Moi.
À Moi vraiment tu viendras.
Je te le dis en vérité, car tu m'es cher
Abandonne tout autre dharma.
Viens à Moi comme seul refuge, ne t'afflige pas, je te délivrerai
de tous les péchés [c.-à-d. de toutes les entraves karmiques] ».
Tous ces versets évoquent bhakti — la « dévotion », le lien profond établi entre la fine pointe de la conscience personnelle et son foyer divin immortel. C'est même ce qu'il faudrait appeler ekabhakti, ou ananyabhakti, la dévotion unique, ou qui n'est tournée vers rien d'autre (c.-à-d. exclusive).
L'homme qui découvre la réalité de son Soi-Ego profond offre tout de lui-même (sarvabhâvena) à son Dieu intérieur — partage avec amour (c'est le sens de bhakti) « tout ce qu'il est, tout ce qu'il a et tout ce qu'il fait » avec toute la richesse acquise par ses efforts, à l'aide des « talents » fournis par le Père, et il « prend refuge dans ce Père ». La « grâce » est la réponse du Père — elle métamorphose l'âme personnelle en un Dieu, « établi dans la Paix », et « l'état éternel ».
Cette métamorphose prendra du temps ; mais le Maître — homme vivant qui a parcouru tout le chemin — peut accélérer le processus, une fois les premiers pas accomplis (une fois que l'homme s'est résolument déjà ancré dans son pôle spirituel, et a reconnu sa présence en lui-même).
On voit que le mot refuge (sharanam) est employé deux fois ci-dessus (ibid, v. 62 et 66). Pour l'homme, serviteur de son Dieu, il n'y a pas de confusion possible : servir le Maître incarné ou le Dieu intérieur : c'est la même Voie, celle de la Compassion pour tous les êtres.
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1. Cf. Les Aphorismes du Yoga de Patañjali, Livre I, v. 27 et 28. [retour texte]
2. Cf. Les expériences mystiques de mort imminente, décrites en 1975 dans le livre de R. Moody, La vie après la vie. [retour texte]
3. Cf. Expression utilisée par Bulwer Lytton dans son livre, Zanoni. [retour texte]
4. Cf. La Clef de la Théosophie, p. 86. [retour texte]
5. Cf. St. Paul, Épitre aux Colossiens, 3, 11. [retour texte]
6. Cf. p. 59 et note 46. [retour texte]
7. Cf. Article de H.P. Blavatsky « Idées incorrectes », CW, II, p. 7. [retour texte]
8. Troisième Race Racine : The Secret Doctrine (II, 272-3) où est évoqué l'Âge d'Or, de l'Éveil de cette Troisième Race, devenant consciente, pour la première fois dans l'Évolution de notre terre. [retour texte]
9. Antahkarana (skt) — En hindouisme : « l'organe interne », siège de la psyché humaine avec les facultés mentales, (manas, buddhi) et ahamkâra. Pour la Théosophie, c'est en quelque sorte le pont établi pendant la durée de la vie entre l'Ego divin et la personnalité incarnée. Il sert de moyen de communication entre le Manas supérieur et l'inférieur (actif dans l'homme terrestre) en permettant l'expression dans l'âme humaine de la voix de l'intuition, et l'enregistrement dans la sphère de l'Ego permanent des impressions et pensées de nature noble et universelle, susceptibles d'être assimilées par l'entité immortelle (Theosophical Glossary).
En élevant sa conscience vers le pôle divin, le disciple tend à supprimer la distance qui l'en sépare (en « détruisant » ainsi, symboliquement, le pont d'antahkarana par l'effet de cette communion). Ceci ne doit pas être confondu avec la rupture dramatique de ce lien vital entre la personnalité et son Ego profond, qui survient chez l'homme entièrement dépravé. (Glossaire de La Voix du Silence – Éd. Textes Théosphiques, Paris). [retour texte]
10. Cf. Article « Antaskarana », The Theosophical Forum, N°8, décembre 1895 (pp. 123-4). [retour texte]
11. Ibid : The Theosophical Forum, N°8, décembre 1895. [retour texte]
12. Ibid : The Theosophical Forum, N°8, décembre 1895. [retour texte]
13. Ibid : The Theosophical Forum, N°8, décembre 1895. [retour texte]
14. Cf . Lettres qui m'ont aidé, III, p.211. [retour texte]
15. Notes sur la Bhagavad-Gîtâ, II, pp.75-6. [retour texte]
16. Notes on the Bhagavad-Gîtâ, éd. Theosophy Company. [retour texte]
17. Īśvara : la manifestation particulière de Brahmâ dans chaque être humain. [Cette note (p.76) n'évoque-t-elle par le Kumâra = la Déité qui est notre "soi individuel", "Le Seigneur qui réside en nous" ?] [retour texte]
18. Notes sur la Bhagavad-Gîtâ, VI, p. 139. [retour texte]
19. La Lumière sur le Sentier, pages 21-22 – Éd. Textes Théosophiques, Paris. [retour texte]
20. Ibid, pages 22-3. [retour texte]
21. H.P. Blavatsky Collected Writings, XIV, p. 54. [retour texte]
22. Cf. Ibid, page 55. [retour texte]
23. Cf. Ibid, page 55. [retour texte]
24. Cahier théosophique N° 108 – Éd. Textes Théosophiques. [retour texte]
25. Éd. Theosophy Company, pp. 317-8. [retour texte]
26. Voir ci-avant note 14 (H.P. Blavatsky Collected Writing, XIV, pp. 48-55). [retour texte]