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Symbolisme de la chute des anges - Azazel (Doctrine Secrète, Bible et Zohar)

Sommaire

La Chute des anges
Symbolisme de l’ange Azazel enchaîné avec sa légion à la Montagne (extraits de la Doctrine Secrète et du Zohar)
Les Fils de Dieu incarnés dans l’humanité jusqu’au Grand Jour du jugement
Symbolisme des Fils de Dieu et de Satan (l’Adversaire)
La cause de la déchéance des Fils de Dieu et Le Livre d’Enoch 
« Deus est demon inversus » - La "Tête Magique" dans le Zohar

La chute des anges (conférence)

Lien pour écouter une conférence sur le symbolisme dans le judaïsme de la chute des anges (par Akadem) : « Chute des anges, étude du Zohar (Qui sont les anges tombants ? – La vie des anges – Aza et Azael, les anges rebelles – La chute perpétuelle) »  [Retour au Sommaire]

Symbolisme de l’ange Azazel enchaîné avec sa légion à la Montagne (extraits de la Doctrine Secrète et du Zohar)

« Les « Fils de Dieu » ont existé et ils existent. Depuis les Brahmapoutras et les Mânasapoutras, les Fils de Brahmâ et les Fils Nés-du-Mental, des Hindous, jusqu'aux B'ne Aleim [Bné Elohim] de la Bible juive (1), la croyance des siècles et la tradition universelle obligent la raison à se rendre à l'évidence. Quelle valeur peut avoir ce que l'on appelle la critique indépendante ou « l'évidence intime » – qui ont généralement pour base les marottes respectives des critiques – en présence des témoignages universels qui n'ont jamais varié durant le cours des cycles historiques ? Par exemple, lisez ésotériquement le sixième chapitre de la Genèse, qui reproduit les affirmations de la Doctrine Secrète, tout en changeant légèrement la forme et en tirant une conclusion qui est en désaccord même avec le Zohar. « Il y avait des géants sur la Terre à cette époque et aussi plus tard lorsque les fils de Dieu (Bné Elohim) s'approchèrent des filles des hommes et qu'elles leur donnèrent des enfants : ceux-ci devinrent des hommes puissants qui furent jadis des hommes renommés (ou des géants) » (Genèse, ch. 6, 4).

Jacob Jordaens La Cada De Los Gigantes« Que signifie la phrase « et aussi plus tard » si ce n'est : il y eut des Géants sur la Terre auparavant, c'est-à-dire avant les Fils Sans-péchés de la Troisième Race (2) et aussi plus tard, lorsque d'autres Fils de Dieu, d'une nature inférieure, inaugurèrent les rapports sexuels sur la Terre, (comme le fit Daksha [un aspect de Brahmâ], lorsqu'il vit que ses Mânasapoutras ne voulaient pas peupler la Terre) ? Il y a ensuite une longue lacune dans le chapitre, entre les versets 4 et 5, car ce ne fut certainement pas à cause de la méchanceté des « hommes puissants ... hommes renommés », au nombre desquels figure Nemrod [Nimrod], le « puissant chasseur devant l'Éternel », que « Dieu constata que la méchanceté des hommes était grande », ni à cause des constructeurs de la tour de Babel, car cela se passa après le Déluge, mais dans les descendants des Géants qui produisirent monstra quædam … de genere giganteo, [certains monstres … de la race des Géants] des monstres qui donnèrent naissance aux races inférieures d'hommes, représentées aujourd'hui sur la Terre par quelques misérables tribus sur le point de disparaître et par les énormes singes anthropoïdes (3).  

« Si nous sommes pris à partie par les Théologiens, Protestants ou Catholiques Romains, nous n'avons qu'à les inviter à se reporter à leurs propres textes littéraux. Le verset que nous avons cité plus haut a toujours constitué un dilemme, non seulement pour les Savants et pour ceux qui étudient la Bible, mais aussi pour les prêtres. En effet, comme le dit le Rév. Père Péronne : « Ils (les B'ne Aleim) [Bné Elohim] étaient, soit de bons Anges, et dans ce cas comment auraient-ils pu tomber, soit de mauvais (Anges), et dans ce cas on ne pouvait les appeler des B'ne Aleim ou des fils de Dieu. » (Prælectiones Theologicae, 1835-42, ch. 2, de J. Perrone). Cette énigme biblique – « dont aucun auteur n'a jamais compris le sens réel », ainsi que Fourmont l'avoue avec candeur (Réflexions critiques sur l'origine l’histoire et la succession des Anciens Peuples, 1747) – ne peut être expliquée que par la doctrine Occulte à l'aide du Zohar pour les Occidentaux et à l'aide du Livre de Dzyan pour les Orientaux. Nous avons vu ce que dit ce dernier livre ; quant au Zohar il nous dit que B'ne Aleim [Bné Elohim] était le nom commun donné aux Malachim, les bons Messagers, et aux Ischins, (les « anges inférieurs ») (Rabbi Parcha, ou Parha Rabba).

« Nous pouvons ajouter, dans l'intérêt des Démonologistes, que leur Satan, « l'Adversaire », est compris, dans Job, parmi les « fils » de Dieu ou B'ne Aleim [Bné Elohim] qui rendent visite à leur père (Job, I, 6). Mais nous parlerons de cela plus tard. (4)

« Or, le Zohar dit que les Ischins, les superbes B'ne Aleim [Bné Elohim], ne furent pas coupables mais se mêlèrent avec des hommes mortels parce qu'ils avaient été envoyés sur la Terre pour cela (Livre de Ruth et Schadash, fol. 63, col. 3 ; édition d'Amsterdam). Ailleurs, le même volume nous montre ces B'ne Aleim comme appartenant à la dixième subdivision des « Trônes » (v. Zohar). Il explique aussi que les Ischins – « Esprits-Hommes », viri spirituales [hommes spirituels] – maintenant que les hommes ne peuvent plus les voir, aident, par leur science, les Magiciens à produire des Homunculi, qui ne sont pas des "petits hommes", mais "des hommes plus petits (dans le sens d'infériorité) que les hommes". Les uns et les autres se montrent sous la forme gazeuse et éthérée. Leur chef est Azazel.

« Mais Azazel, que le dogme de l'Église persiste à associer à Satan, n'est pas du tout cela. Azazel est un mystère, ainsi qu'il est expliqué ailleurs, et Maimonides l'exprime ainsi : « Il y a un impénétrable mystère dans le récit qui se rapporte à Azazel » (v. More Nevochim, [le Guide des égarés de Moïse Maimonides]). C'est exact et, comme le dit Lanci, le bibliothécaire du Vatican que nous avons déjà cité et qui devait savoir : « Ce vénérable nom divin (nome divino e venerabile) est devenu, sous la plume des érudits de la bible, un diable, un désert, une montagne et un bouc. » (Sagra Scrittura). Aussi paraît-il déraisonnable de faire dériver ce nom, comme le fait Spencer, d'Azal (séparé) et de El (Dieu), c'est-à-dire "le séparé de Dieu" – le Diable. Dans le Zohar, Azazel est la "victime sacrificielle" plutôt que "l'adversaire véritable de Jéhovah", comme le voudrait Spencer (De Legibus Hebraeorum, etc., lib. II, p. 993, Cambridge, 1685, fol. Ed.).

« La quantité de fantaisies malveillantes et de fictions entassées sur cette "Légion" par divers auteurs fanatiques est tout à fait extraordinaire. Azazel et sa "Légion" sont simplement le "Prométhée" hébreux et devraient être étudiés en se plaçant au même point de vue. Le Zohar montre les Ischins enchaînés à la montagne, dans le désert. C'est une allégorie, qui fait simplement allusion à ces "Esprits", comme étant enchaînés à la Terre durant le Cycle d'incarnation. Azazel ou Azazyel [ou Azaziel], est, dans le Livre d'Enoch, l'un des chefs des Anges "coupables", qui descendant sur Ardis, le sommet du mont Armon, se lièrent par un serment de loyauté vis-à-vis les uns des autres (5). On dit qu'Azazyel enseigna aux hommes à fabriquer des glaives, des couteaux, des boucliers, des miroirs (?), pour permettre à quelqu'un de voir ce qui se trouve derrière lui, c'est-à-dire des "miroirs magiques". Amazarak fut l'instructeur de tous les sorciers et de toutes les classifications de racines ; Amers enseigna l'explication de la Magie ; Barkayal, l'Astrologie ; Akibeel, la signification des présages et des signes ; Tamiel, l'Astronomie et Asaradel enseigne le mouvement de la Lune (Chap. VIII ; traduction de Laurence, pp. 7 et 8). "Ces sept furent les premiers instructeurs du Quatrième homme" (c'est-à-dire de la Quatrième Race). Pourquoi devrions-nous toujours limiter le sens de l’allégorie à ce qu’exprime sa lettre morte ?

« C'est la représentation symbolique de la grande lutte entre la Sagesse Divine, Nous, et son reflet terrestre, Psyche, ou bien entre l'Esprit et l'Âme, dans le Ciel et sur la Terre. Dans le Ciel, parce que la Monade Divine s'en est volontairement exilée pour descendre, dans le dessein de s'incarner, sur un plan inférieur et pour transformer ainsi l'animal d'argile en un Dieu immortel. En effet, comme nous le dit Eliphas Lévi : « Les Anges aspirent à devenir des Hommes ; car l'Homme parfait, l'Homme-Dieu, est au-dessus des Anges eux-mêmes ». Sur la Terre, parce que l'Esprit ne fut pas plutôt descendu, qu'il se trouva enveloppé dans les plis de la Matière.

010 Couverture« Chose étrange, l'Enseignement Occulte renverse les rôles ; c'est l'Archange anthropomorphe pour les Chrétiens, et le Dieu semblable à l'homme pour les Hindous, qui représente dans ce cas la Matière et c'est le Dragon ou Serpent qui représente l'Esprit. Le symbolisme Occulte nous donne la clef du mystère ; le symbolisme théologique le rend plus impénétrable encore. En effet, le premier explique plusieurs des passages de la Bible et même du Nouveau Testament qui étaient restés jusqu'alors incompréhensibles, tandis que le second, en raison de son dogme de Satan et de sa rébellion, a rapetissé le rôle et la nature de son Dieu prétendu infini et absolument parfait, et a donné naissance au plus grand des maux qui affligent la Terre – la croyance à un Diable personnel. Ce mystère est maintenant en partie révélé. La clef de son interprétation métaphysique vient d'être reconstituée, tandis que la clef de son interprétation théologique représente Dieu et les Archanges comme les symboles des religions dogmatiques, basées sur la lettre morte, se dressant contre les pures vérités de l'Esprit, dénudées et privées des ornements de la fantaisie. » – H.P. Blavatsky, extraits de La Doctrine Secrète – III, 469-472, éd. Adyar (The Secret Doctrine, II, 374 à 377, éd. originale anglaise).  [Retour au Sommaire]

Les Fils de Dieu incarnés dans l’humanité jusqu’au Grand Jour du jugement

« Voici de quelle façon les Mages expliquaient l'Origine du Mal dans leurs enseignements exotériques. « La lumière ne peut produire que la Lumière et ne peut jamais être l'origine du Mal » ; comment le Mal aurait-il donc été produit, puisqu'il n'y avait rien d'égal ou de semblable à la Lumière dans sa production ? La Lumière, disaient-ils, produisit divers Êtres, tous spirituels, lumineux et puissants, mais un Grand Être (le « Grand Asoura », Ahriman, Lucifer, etc.) eut une pensée mauvaise, contraire à la Lumière. Il douta et, en raison de ce doute, il devint sombre.

« Ceci se rapproche un peu de la vérité, mais en est encore loin. Ce ne fut pas « une pensée mauvaise » qui donna naissance à la Puissance opposée, mais bien la Pensée per se ; quelque chose qui, en étant cogitatif et en refermant un dessein et un but, est, par suite, limité et doit naturellement se trouver en opposition avec la pure Quiescence, c'est-à-dire avec l'état tout aussi naturel de la Spiritualité et de la Perfection absolues. C'était simplement la Loi d'Évolution qui s'affirmait ; le progrès du Développement Mental, différencié de l'Esprit, déjà enveloppé et imprégné par la Matière, vers laquelle il est irrésistiblement entraîné. Les idées, par leur nature même et leur essence, en qualité de conceptions ayant trait à des objets, vrais ou imaginaires, sont opposées à la Pensée Absolue, à cet Inconnaissable Tout […]

« Le Zohar l’expose d'une façon fort suggestive [en disant] que lorsque l'« Être Saint » (le Logos) désira créer l'homme, il fit appel aux Anges de la plus haute Légion et leur dit ce qu'il voulait, mais Ils doutèrent de la Sagesse de son désir et répondirent : « L'Homme ne durera pas une seule nuit dans sa gloire » – réponse pour laquelle ils furent brûlés (annihilés ?) par le « Saint » Seigneur. Il appela alors les Anges d'une autre Légion moins élevée et leur dit la même chose. Ceux-ci contredirent l'« Être Saint », disant « À quoi bon l'Homme ? » Elohim créa cependant l'Homme et lorsque l'Homme pécha, les légions d'Uzza [ou Aza] et d'Azael (6) vinrent et blâmèrent Dieu : « Voici, dirent-ils, le Fils de l'Homme que tu as fait ; vois, il a péché ! » L'Être Saint répondit alors « Si vous aviez été parmi eux (les Hommes), vous auriez été plus mauvais qu'eux », et il les précipita du haut de leur position exaltée dans les Cieux, jusque sur la Terre, et « ils furent changés (en Hommes) et péchèrent avec les femmes de la Terre » (Zohar, 9 b) (7). Ceci est parfaitement clair. La Genèse (ch. 6) ne fait aucune mention de ces « Fils de Dieu » subissant un châtiment. La seule allusion qui y soit faite dans la Bible, se trouve dans [l’Épître de] Jude : « Et, les Anges qui ne conservèrent pas leur première situation, mais quittèrent leur propre habitation, il les a retenus dans des chaînes éternelles au milieu des ténèbres jusqu'au jugement du grand jour » (Jude, v. 6). Ceci veut simplement dire que les « Anges » condamnés à l'incarnation restent dans les chaînes de la chair et de la matière au milieu des ténèbres de l'ignorance, jusqu'au « Grand Jour », qui arrive comme toujours après, la Septième Ronde, après l'expiration de la « Semaine » du Septième Sabbat, ou dans le Nirvâna Post-Manvantarique. » ‒ H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète – IV, 55-6, éd. Adyar (The Secret Doctrine, II, 490/1, éd. originale anglaise).  [Retour au Sommaire]

Symbolisme des Fils de Dieu et de Satan (l’Adversaire)

« Le qualificatif de Satan, en hébreu Sâtân, ou « Adversaire » (du verbe shatana « être contraire », « persécuter »), appartient de droit au premier et au plus cruel « Adversaire » de tous les autres Dieux – Jéhovah – et non pas au Serpent qui ne prononçait que des paroles de sympathie et de sagesse et qui n'est, en tablant au pire et même dans le dogme, que « l'Adversaire des hommes ». Ce dogme, basé comme il l'est sur le troisième chapitre de la Genèse, est aussi illogique et injuste que paradoxal. En effet, qui fut donc le premier à créer ce tentateur originel et, depuis lors, universel de l'homme : la femme ? Ce ne fut assurément pas le Serpent, mais le « Seigneur Dieu » lui-même, qui, ayant déclaré « qu'il n'était pas bon que l'homme restât seul », fit la femme et « l'amena à l'homme » (ch. 2, 18, 22). Si le désagréable petit incident qui s'en suivit fut et est encore considéré comme le « péché originel », cela donne en vérité une piètre idée de la prescience du divin Créateur. Il eût été bien préférable pour le premier Adam du premier chapitre d'être laissé, soit « mâle et femelle », soit « seul ». Ce fut évidemment le Seigneur Dieu qui fut la cause réelle de tout le mal, « l'agent provocateur », et le Serpent fut seulement un prototype d'Azazel, « le bouc émissaire chargé du péché [du Dieu] d'Israël » [v. Le Lévitique, 16, v. 8-10], le pauvre Tragos [bouc] ayant à payer pour la bévue de son maître et Créateur. Cela ne s'adresse naturellement qu'à ceux qui acceptent, à la lettre, les événements qui marquent le début du drame de l'humanité, dans la Genèse. Ceux qui les lisent au point de vue ésotérique, ne sont pas réduits à des spéculations ou à des hypothèses fantaisistes : ils savent comment il faut lire le symbolisme qu'elle renferme et ne peuvent se tromper.

« Il est inutile, pour le moment, de s'occuper des significations mystiques et multiples du nom Jéhovah, dans son sens abstrait, qui n'a pas de rapports avec la Divinité faussement appelée de ce nom. C'était un « voile » créé à dessein par les Rabbins, un secret qu'ils cachaient avec dix fois plus de soins, depuis que les Chrétiens les avaient dépouillés de ce nom Divin qui était leur propriété (8). Nous faisons toutefois la déclaration suivante. Le personnage des quatre premiers chapitres de la Genèse qui est appelé tantôt « Dieu », tantôt le « Seigneur Dieu », ou simplement le « Seigneur », n'est pas une seule et même personne et, certainement, ce n'est pas Jéhovah. Ce sont trois classes ou groupes distincts d'Elohim, appelés Séphiroths dans la Cabale. Jéhovah n'apparaît que dans le chapitre 4 de la Genèse, dans le premier verset duquel il est appelé Caïn et dans le dernier duquel il est transformé en humanité – mâle et femelle, Jah-Veh (9). En outre, le Serpent n'est pas Satan, mais l'Ange radieux, l'un des Elohim enveloppé de clarté et de gloire, qui – ayant dit à la femme : « Si vous mangez du fruit défendu vous ne mourrez sûrement pas » – tint sa promesse et fit l'homme immortel dans sa nature incorruptible. C'est le Iao des Mystères, le chef des Créateurs Androgynes des hommes. Le chapitre 3 contient (ésotériquement) le retrait du voile d'ignorance qui limitait les perceptions de l'Homme Angélique fait à l'image des Dieux « sans os » et l'ouverture de sa conscience à sa nature réelle, il nous présente ainsi l'Ange Radieux (Lucifer) sous l'aspect d'un être qui donne l'Immortalité, d'un être qui « illumine », tandis que la véritable Chute dans la génération et la matière doit être cherchée dans le chapitre 4. Là, Jéhovah-Caïn, la partie mâle d'Adam, l'homme double, s'étant séparé d'Ève, crée en elle Abel, la première femme naturelle (10), et répand le sang vierge. Or, comme on démontre que Caïn est identique à Jéhovah, suivant l'interprétation correcte du premier verset du chapitre 4 de la Genèse, dans le texte hébreu original ; que, suivant l'enseignement des Rabbins, « Kin (Caïn) le Mauvais, était le fils d'Ève par Samaël, le Diable, qui prit la place d'Adam » (Op. cit., p. 293) et que le Talmud ajoute que « le mauvais Esprit, Satan et Samaël, l'Ange de la Mort, ne font qu'un » (Rabba Battra, 16a) – on constate facilement que Jéhovah (l'humanité ou Jahhovah) et Satan (et, par conséquent, le Serpent tentateur) ne font qu'un en tout point. Il n'y a pas de Diable, pas de Mal en dehors de l'humanité pour produire un Diable. Le Mal est une nécessité de l'Univers Manifesté, dont il est l'un des soutiens. Il est nécessaire au progrès et à l'évolution, comme la nuit est nécessaire à la production du Jour et la Mort à celle de la Vie – afin que l'homme puisse vivre à jamais.

« Au point de vue métaphysique, Satan représente simplement le revers ou le pôle opposé de tout ce qui existe dans la Nature (11). Au point de vue allégorique, c'est « l'Adversaire », le « Meurtrier » et le grand Ennemi de tout, parce qu'il n'existe rien dans tout l'Univers qui n'ait deux faces – le revers de la même médaille. Mais dans ce cas la lumière, la bonté, la beauté, etc., pourraient être appelées Satan au même titre que le Diable, puisque ce sont les Adversaires des ténèbres, de la méchanceté et de la laideur. On comprendra mieux maintenant la philosophie et l'analyse raisonnée de certaines sectes Chrétiennes primitives, qualifiées d'hérétiques et considérées comme l'abomination de leur temps. […]

« Dans tous les anciens systèmes, les Anges Déchus sont représentés, au point de vue allégorique, comme les prototypes des hommes déchus et, au point de vue ésotérique, comme ces hommes eux-mêmes. Ainsi les Elohim de l'heure de la création devinrent, dans les traditions Sémitiques, les Beni-Elohim, les Fils de Dieu, parmi lesquels se trouve Satan. La Guerre dans le Ciel, entre Thraetaona et Ashi-dahaka, le Serpent destructeur, se termine sur Terre, d'après Burnouf, par le combat d'hommes pieux contre les forces du Mal, "des Iraniens avec les Brahmanes Aryens des Indes" et le conflit entre les Dieux et les Asouras se reproduit durant la Grande Guerre – le Mahâbhârata. Dans la plus récente de toutes les religions, le Christianisme, tous les combattants, Dieux et Démons, Adversaires dans les deux camps, sont maintenant transformés en Dragons et en Satans, simplement afin de rattacher le Mal personnifié au Serpent de la Genèse et de prouver ainsi le nouveau dogme. » ‒ H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète – III, 483-487, éd. Adyar (The Secret Doctrine, II, 386/390, éd. originale anglaise).  [Retour au Sommaire]

La cause de la déchéance des Fils de Dieu et Le Livre d’Enoch

« La vraie signification de l'antique doctrine des « Anges Déchus », dans son sens anthropologique et évolutionniste, se trouve dans la Cabale et elle explique la Bible. On la trouve surtout dans la Genèse, lorsque celle-ci est lue avec la préoccupation de rechercher la vérité, sans tenir compte des dogmes et sans avoir des idées préconçues. C'est facile à prouver. Dans la Genèse (ch. 6) les « Fils de Dieu » – B'ne Aleim – se prennent d'amour pour les filles des hommes, les épousent et révèlent à leurs femmes les mystères qu'ils ont illégalement appris dans le Ciel, suivant Enoch ; c'est la « Chute des Anges » (12). Mais qu'est donc, en réalité, le Livre d'Enoch que l'auteur de l'Apocalypse et même le saint Jean du quatrième Évangile (13) ont si abondamment cité ? Simplement un Livre d'Initiation donnant, en allégories et en termes prudents, le programme de certains Mystères Archaïques accomplis dans les Temples intérieurs. […]

« Dans l'exotérisme Indien, ces Anges (les Asouras) sont aussi dénoncés comme étant les « ennemis des Dieux » ; comme étant ceux qui s'opposent aux sacrifices du culte offerts aux Dévas. Dans la Théologie Chrétienne, on en parle d'une manière générale en les qualifiant « d'Esprits déchus », héros des diverses légendes contradictoires, puisées à des sources Païennes. Le coluber tortuosus, le « serpent tortueux » – qualificatif dont on attribue la paternité aux Juifs – avait une signification toute différente, avant que celle-ci n'eût été défigurée par l'Église Romaine ; entre autres, une signification purement astronomique.

« On attribuait au « serpent » tombé d'en haut (deorsum fluens) la possession des clefs de l'Empire des Morts τον θανὰτου άρχή̀ jusqu'au jour où Jésus le vit tomber « comme la foudre... du ciel » (Luc, ch. 10, 18), en dépit de l'interprétation catholique romaine donnée aux mots cadebat ut fulgur. Cela veut dire que même « les démons sont soumis » au Logos – qui est en même temps Sagesse, et, en tant qu'adversaire de l'ignorance, Satan ou Lucifer. Cette remarque se rapporte à la Sagesse divine, tombant comme la foudre, et le vivifiant, sur l'intellect de ceux qui luttent contre les démons de l'ignorance et de la superstition. Jusqu'au moment où la Sagesse, sous forme des Esprits de MAHAT [« Mahat est le premier principe de l’Intelligence Universelle et de la Conscience » (Glossaire Théosophique)] qui s'incarnaient, descendit d'en haut pour animer la Troisième Race et l'éveiller à la vie réelle et consciente – l'Humanité, si l'on peut l'appeler ainsi dans son état animal et dénué de sens, était naturellement vouée à la mort morale, comme à la mort physique. En parlant des Anges tombés dans la génération, on les appelle, par métaphore, des Serpents et des Dragons de Sagesse. D'autre part, considéré sous la lueur qui émane du Logos, le Sauveur Chrétien, de même que Krishna, comme homme ou comme Logos, peut être dit avoir sauvé de la « mort éternelle » ceux qui croyaient aux Enseignements Secrets et avoir vaincu le Royaume des Ténèbres, ou Enfer, comme le fait tout Initié. C'est là la forme humaine et terrestre des Initiés et – parce que le Logos est Christos – c'est aussi le « principe » de notre nature intime qui se développe en nous et devient l'Ego spirituel – le Soi Supérieur – formé par l'union indissoluble de Bouddhi, le sixième « principe » et de l'efflorescence spirituelle de Manas, le cinquième (14). « Le Logos est, au Ciel, la Sagesse passive, et, sur la Terre, la Sagesse consciente et active par elle-même », nous dit-on. C'est le Mariage de « l'Homme Céleste » avec la « Vierge du Monde », ou Nature, ainsi qu'il est décrit dans Pymandre ; mariage dont le résultat est leur progéniture – l'homme immortel. C'est ce qui est appelé, dans l'Apocalypse (ch. 19, 7) de saint Jean, le mariage de l'Agneau avec sa Fiancée. […] Ainsi, la remarque faite par le grand initié, dans Luc – remarque qui se rapporte allégoriquement au rayon d'illumination et de raison qui, d'en haut, tombe comme la foudre dans les cœurs et les esprits de ceux qui se sont convertis à l'antique Religion-Sagesse, exposée alors sous une forme nouvelle par le sage Adepte Galiléen (15) – fut défigurée au point de devenir méconnaissable, de même que sa propre personnalité et fut adaptée au plus cruel et au plus pernicieux de tous les dogmes théologiques. » ‒ H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète – III, 285-289, éd. Adyar (The Secret Doctrine, II, 229/231, éd. originale anglaise).  [Retour au Sommaire]

« Deus est demon inversus » - La "Tête Magique" dans le Zohar

« Demon est deus inversus. Cette phrase symbolique, sous ses aspects multiples, est certainement très dangereuse et très iconoclaste aux yeux de toutes les religions, ou plutôt de toutes les théologies dualistiques modernes […]. Satan a toujours existé en qualité « d’Adversaire », en qualité de Pouvoir opposé requis pour l’équilibre et l’harmonie des choses dans la nature, comme l’ombre est nécessaire pour rendre la lumière plus brillante, la nuit pour donner du relief au jour et le froid pour nous faire apprécier davantage le confort que donne la chaleur. L’homogénéité est une et indivisible. Mais si l’unique et absolu homogène n’est pas une simple figure de rhétorique, et si l’hétérogénéité, sous son double aspect, est son produit, son ombre ou sa réflexion double, alors cette homogénéité divine elle-même doit renfermer en elle l’essence du bien, comme celle du mal. Si « Dieu » est absolu, infini et s’il est la racine universelle de toutes choses dans la nature et dans son univers, d’où proviendrait le mal ou le Diable, si ce n’était de ces mêmes entrailles d’or de l’absolu ? Nous sommes donc forcés soit d’accepter l’émanation du bien et du mal, d’Agathodæmon et de Kakodæmon, comme jaillissant du même tronc de l’arbre de l’existence, soit de nous résigner à l’absurdité de croire à deux absolus éternels !

Musaeumhermeticum image 1 p 363 904« Comme nous devons rechercher l’origine de l’idée en remontant jusqu’à la période de formation de l’esprit humain, il n’est que juste de nous acquitter en même temps envers le Diable proverbial. L’antiquité ne connaissait aucun « Dieu du mal » distinct, qui fût complètement et absolument mauvais. La pensée païenne représentait le bien et le mal comme des frères jumeaux, nés de la même mère, la Nature, et aussitôt que cette pensée cessa d’être archaïque, la sagesse devint de la philosophie. Au début, les symboles du bien et du mal n’étaient que de simples abstractions, comme la lumière et les ténèbres ; plus tard, ils furent choisis parmi les phénomènes cosmiques périodiques les plus naturels et les plus constants, comme le jour et la nuit, le Soleil et la Lune. Les légions des divinités solaires et lunaires furent appelées à les représenter ensuite, et l’on opposa le dragon des ténèbres au dragon de la lumière. La légion de Satan est un Fils de Dieu, au même titre que celle de B’ne Alhim est composée des enfants de Dieu qui vinrent « se présenter devant le Seigneur » leur Père (Job, 2). Les « Fils de Dieu » ne devinrent les « Anges déchus » qu’après s’être aperçus que les filles des hommes étaient belles (Genèse ch. 6). Dans la philosophie indienne, les Souras sont classés parmi les premiers et les plus brillants des Dieux, et ne deviennent des Assouras que lorsqu’ils sont détrônés par l’imagination brahmanique. Satan ne revêtit jamais une forme anthropomorphique et individualisée, jusqu’au moment où l’homme créa un « Dieu vivant unique et personnel », et ce ne fut alors que par nécessité urgente. Il fallait un moyen de défense, un bouc émissaire pour expliquer la cruauté, les bévues et l’injustice trop évidente de celui à qui l’on attribuait la perfection absolue, la miséricorde et la bonté. Ce fut le premier effet karmique de l’abandon d’un panthéisme philosophique et logique, pour édifier, en guise d’appui pour l’homme paresseux, « un Père miséricordieux dans le ciel », dont les actions de tous les jours et de toutes les heures, comme natura naturans, la « mère belle mais froide comme la pierre », contredisent l’existence. Cela conduisit aux jumeaux primordiaux, Osiris-Typhon, Ormazd-Ahriman et, finalement, Caïn-Abel et tous les tutti quanti des opposés.

« Dieu », le Créateur, qui avait commencé par être synonyme de Nature, finit par être transformé en son auteur. Pascal résout habilement la difficulté en disant : « La nature possède des perfections pour prouver qu’elle est l’image de Dieu, et des défauts pour établir qu’elle n’est que son image. » […]

« Les anciens le comprenaient si bien que leurs philosophes, imités maintenant par les kabalistes, définissaient le mal comme la « doublure » de Dieu ou du bien, car Demon est Deus inversus est un très vieil adage. En effet, le mal n’est qu’une force antagoniste aveugle de la nature : c’est la réaction, l’opposition et le contraste ; c’est le mal pour les uns et le bien pour les autres. Il n’y a pas de malum in se ; il n’y a que l’ombre de la lumière, sans laquelle celle-ci ne pourrait exister, même pour nos perceptions. Si le mal disparaissait, le bien disparaîtrait en même temps que lui de la Terre. Le vieux « dragon » était un pur Esprit, avant de devenir matière ; il était passif avant de devenir actif. Dans la magie syro-chaldéenne, Ophis et Ophiomorphos sont réunis, dans le zodiaque, dans le signe de l’androgyne Vierge-Scorpion. Avant sa chute sur la Terre, le serpent était Ophis-Christos, et après sa chute il devint Ophiomorphos-Chrestos. Les théories des Kabalistes représentent partout le mal comme une force qui est opposée mais, en même temps, nécessaire au bien, comme lui conférant une vitalité et une existence qu’il ne pourrait jamais avoir autrement. Il n’y aurait pas de Vie possible (dans le sens mayavique) sans la Mort ; pas de régénération et de reconstruction sans destruction. Les plantes périraient bien qu’éternellement en plein soleil, et il en serait de même de l’homme, qui deviendrait un automate privé de son libre arbitre et de son aspiration vers cette lumière solaire qui perdrait pour lui sa vitalité et sa valeur s’il n’avait qu’elle. Le bien n’est infini et éternel que dans ce qui nous est éternellement caché, et c’est pourquoi nous nous imaginons qu’il est éternel. Sur les plans manifestés, l’un fait équilibre à l’autre. […]

tetemagique« C’est pourquoi les occultistes, et même quelques Kabalistes, qu’ils considèrent ou non, ces forces créatrices comme des Entités vivantes et conscientes – et l’on ne voit pas pourquoi il n’en serait pas ainsi – ne confondront jamais la cause avec l’effet, ni ne prendront l’Esprit de la Terre pour Parabrahman ou Aïn Soph. En tout cas ils connaissent bien la vraie nature de ce qui était appelé par les Grecs le Père Æther, Jupiter-Titan, etc. Ils savent que l’âme de la Lumière astrale est divine et que son corps – les ondes de Lumière sur les plans inférieurs – est infernal. Cette lumière est symbolisée dans le Zohar par la « Tête magique », la double face sur la double pyramide ; la pyramide noire se dressant sur un sol d’une pure blancheur, avec une tête et une face blanches dans l’intérieur de son noir triangle ; la pyramide blanche renversée – reflet de la première dans les eaux sombres – et laissant voir l’image noire de la face blanche.

Telle est la Lumière astrale, ou Demon est Deus inversus. 

‒ H.P. Blavatsky, LaDoctrine Secrète – Traduction Courmes, BNF, éd. Adyar (The Secret Doctrine, I, 411/424, éd. originale anglaise).  [Retour au Sommaire]

Notes

(1) [B'ne Aleim [Bné Elohim] de la Bible juive appelés aussi les Néphilim, ces géants « tombés ».]

(2) [Troisième Race : Selon la Théosophie, c’est au cours de la troisième race de l’humanité que l’être humain alors hermaphrodite s’est séparé en hommes et femmes. « La loi d'évolution se sert de chaque globe pour le développement de sept races, et celui de sens, facultés et pouvoirs appropriés à cet état de matière, l'expérience de l'ensemble des sept globes étant nécessaire pour arriver à un développement parfait. C'est pourquoi nous avons les rondes et les races. Une ronde est un passage successif par les sept centres de conscience planétaire ; la race est le développement racial sur l'un des sept centres. Il y a sept races pour chaque globe, mais le total des quarante-neuf races ne constitue que sept grandes races, l'ensemble particulier de sept races sur chaque globe, ou centre planétaire, ne formant en réalité qu'une race ayant sept constituants ou caractéristiques spécifiques de fonction et de pouvoir. » […] « Actuellement les sept races sont mélangées, et des représentants de chacune d'elles se trouvent parmi les nombreuses " races humaines " selon la classification de la science moderne. » - W.Q. Judge, L’Océan de Théosophie, pp. 27, 136.)]

(3) [Enseignement théosophique sur l’origine des grands anthropoïdes : « Les Maîtres de Sagesse […] disent que, loin d'être nos ancêtres, les anthropoïdes furent produits par l'homme lui-même. Dans une des premières périodes du globe, les hommes d'alors engendrèrent les anthropoïdes avec de grandes femelles du règne animal, et un certain nombre d'Egos destinés à devenir un jour des hommes furent enfermés dans des corps d'anthropoïdes. […] Les Egos retardés de la famille des anthropoïdes émergeront plus tard dans le stade humain, ils recevront ainsi une compensation pour la longue attente dans cette race dégradée. Tous les autres singes sont produits selon les voies ordinaires des processus évolutifs. » - W.Q. Judge, L’Océan de Théosophie, pp. 137-8.]

(4) [On trouve le symbolisme de la lumière et des ténèbres dans toutes les anciennes cosmogonies et aussi parmi les poétes : « La meilleure synthèse de ce sentiment se trouve peut-être dans trois lignes du Paradis Perdu de Milton. "L'Ange Déchu" dit : 

Ici nous pouvons régner en sécurité et, à mon avis,
Régner est digne d'ambition, fut-ce en enfer !
Plutôt régner en enfer que de servir au ciel !

Plutôt être un homme, le couronnement de la production terrestre et le roi de son opus operatum, que d'être perdu dans le ciel, au milieu des Légions Spirituelles sans volonté. […] Dans toutes les antiques Cosmogonies, la Lumière vient des Ténèbres. En Égypte, comme ailleurs, les Ténèbres étaient le principe de toutes choses". Aussi Pymandre, la "Pensée Divine", jaillit comme Lumière du sein des Ténèbres. » ‒ H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète – IV, 47-48 ; éd. Adyar (The Secret Doctrine, II, 484/6, éd. originale anglaise).]

(5) [v. par exemple l’ouvrage de Fourmont, Réflexions critiques sur l'origine l’histoire et la succession des Anciens Peuples, 1747, Tome I, Livre II, sec. 2, p. 35.]

(6) [Le nom des Fils de Dieu peut changer selon les passages du Zohar ou de la Bible : Azazel, Azazyel, Azael, Nephilim, Malachim, Ishin.]

(7) [Ceci est en références à ces deux versets de la Genèse (ch. 6, 1&2) : « Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la terre et que des filles leurs furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leurs convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qui leur plut »].

(8) Des douzaines d'auteurs, parmi les plus érudits, ont scrupuleusement recherché les divers sens du même J'hovah (avec ou sans les points Masorétiques) et ont établi leur multiple porté. Le meilleur de ces ouvrages est la Source of Measures : the Hebrew Egyptian Mystery, de J. Ralston Skonner que nous avons déjà cité tant de fois.

(9) Dans l'ouvrage mentionné ci-dessus (p. 233), le verset 26 du chapitre 4 de la Genèse est correctement traduit par « les hommes commencèrent alors à s'appeler eux-mêmes, Jéhovah », mais il peut-être moins correctement expliqué, car le dernier mot devrait s'écrire Jah (mâle), Hovah (femelle), pour établir qu'à partir de cette époque commença la race d'hommes et de femmes distinctement séparés.

(10) Voyez pour les explications les excellentes pages de l’Appendice VII du même ouvrage.

(11) Dans la Démonologie, Satan est le chef de l’opposition dans l’Enfer, dont le monarque est Belzébuth. Il appartient à la cinquième catégorie ou classe de Démons (classes qui sont au nombre de neuf d’après la Démonologie du Moyen Âge) et il est à la tête des sorciers et des sorcières. Cherchez aussi la vraie signification de Baphomet, le Satan à la tête de bouc, un avec Azazel, le bouc émissaire d’Israël. La Nature, c’est le Dieu PAN. 

(12) En général, les conceptions Chrétiennes, dites orthodoxes, au sujet des Anges "déchus" ou de Satan, sont aussi remarquables qu'elles sont absurdes. On en pourrait citer une douzaine, qui diffèrent entre elles de la façon la plus marquée dans leurs détails et qui sont toutes dues à des auteurs laïques instruits, à des "lauréats d'université" de ce dernier quart de siècle. Ainsi l'auteur de Earth's Earliest Ages, G. H. Pember, M. A., consacre tout un gros volume à prouver que les Théosophes, les Spirites, les Agnostiques, les Mystiques, les métaphysiciens, les poètes et tous les auteurs contemporains qui ont traité des théories Orientales, sont des serviteurs fidèles du « Principe de l'Air » et sont irrémédiablement damnés. Il dépeint Satan et son Antéchrist de la façon suivante :

« Satan est le « Chérubin Oint » de jadis... Dieu créa Satan et en fit la plus belle et la plus sage de toutes Ses créatures dans cette partie de Son Univers, puis Il en fit le Prince du Monde et de la Puissance de l'Air... Il le plaça dans un Eden, qui était bien antérieur à l'Eden de la Genèse... et qui avait un caractère tout différent et plus substantiel, car il ressemblait à la Nouvelle Jérusalem. Ainsi Satan étant parfait au point de vue de la sagesse et de la beauté, son vaste empire est notre Terre, sinon le système solaire tout entier. Assurément, aucune autre puissance angélique d'un rang supérieur, ou même égal, ne nous a été révélée. Jude nous représente l'Archange Michel lui-même, comme observant vis-à-vis du Prince des Ténèbres le respect dû à un supérieur ; si mauvais qu'il fût, jusqu'au moment où Dieu ordonna formellement sa déposition. » On nous apprend ensuite que « Satan fut, à partir de sa création, entouré des insignes de la royauté » (!!) : Qu'il « s'éveilla à la conscience pour trouver l'air saturé de la musique réjouissante de ceux que Dieu avait désignés à cet effet ». Ensuite le Diable « passa de la royauté à sa dignité sacerdotale » (!!!) « Satan fut aussi un prêtre du Très-Haut », etc. Enfin, « l'Antéchrist sera Satan Incarné » (Chap. III et pp. 56 et 59). Les précurseurs du futur Appollyon ont déjà fait leur apparition, ce sont les Théosophes, les Occultistes, les auteurs de Perfect Way, d'Isis Dévoilée, du Mystery of the Ages et même de La Lumière de l'Asie !! L'auteur note « l'origine avouée » de la Théosophie, qui provient des « anges descendants », des « Néphilim » ou Anges de la Genèse (ch. 6) et des Géants. Il devrait noter que lui aussi descend d'eux, comme notre Doctrine Secrète s'efforce de le prouver – à moins qu'il ne refuse de faire partie de l'humanité actuelle.

(13) Comparez avec [Jean] ch. 10, 8, où il parle de tous ceux qui étaient venus avant Jésus, comme étant « des voleurs et des larrons ».

(14) Il n'est pas correct de parler du Christ – ainsi que le font certains Théosophes – comme de Bouddhi, le sixième principe de l'homme [l’âme spirituelle]. Celui-ci est, per se, un principe passif et latent, le Véhiculé Spirituel d'Atmâ, inséparable de l'Âme Universelle manifestée. Ce n'est que par son Union et sa conjonction avec la Soi-conscience que Bouddhi devient le Soi-supérieur et l'Âme Divine susceptible de discernement. Si Christos est quelque chose, c'est le septième principe [l’Esprit ou Atman].

(15) Afin de rendre la chose plus claire, nous ferons observer que tous ceux qui liront ce passage de Luc pourront constater que cette remarque suit immédiatement la description des soixante-douze qui se réjouissent de ce que « même les démons [l'esprit de controverse ou de raisonnement ou la puissance adverse, puisque Satan veut simplement dire « adversaire » ou « opposant »] nous sont soumis par ton nom. » (Luc, 10, 17) Or « ton nom » veut dire le nom de Christos, ou du Logos, ou de l'Esprit de la vraie Sagesse Divine, comme étant distinct de l'esprit de raisonnement intellectuel ou simplement matérialiste – bref le Soi Supérieur. Et lorsque Jésus fait remarquer à ce propos qu'il a « vu Satan tomber du ciel comme la foudre », ce n'est qu'une déclaration de ses facultés de clairvoyance, pour leur notifier qu'il savait déjà cela et une allusion à l'incarnation du Rayon Divin – les Dieux ou Anges – qui tombe dans la génération. Ce ne sont nullement tous les hommes qui bénéficient de cette incarnation et pour certains la faculté demeure latente et comme morte durant toute la vie. En vérité, « aucun homme ne sait qui est le Fils, sauf le Père, et aucun ne sait qui est le Père, sauf le Fils », comme le dit alors Jésus (v. 22) – « l'Église du Christ » moins que tout autre. Seuls les Initiés comprenaient la signification secrète des termes de « Père » et de « Fils » et savaient qu'ils se rapportaient à l'Esprit et à l'Âme sur la Terre. En effet, les enseignements du Christ étaient des enseignements Occultes, qui ne pouvaient être expliqués qu'à l'Initiation. Ils ne furent jamais destinés aux masses, car Jésus défendait aux douze d'aller vers les Gentils et les Samaritains (Matthieu, ch. 10, 5) et répéta à ses disciples que le « mystère du royaume de Dieu » était pour eux seuls et non pour la multitude (Marc, ch. 4, 11).