Quelques raisons du secret
Le fait que les Sciences Occultes aient été dissimulées au monde en général et non divulguées par les Initiés à l'humanité, a souvent fait l’objet de plaintes. On a prétendu que les Gardiens de cette Connaissance Secrète étaient égoïstes, gardant pour eux les « trésors » de cette Sagesse Antique, et que c’était vraiment criminel de cacher une telle connaissance – « si elle existe ! » – aux hommes de science, etc...
Pourtant, il devait y avoir quelques bonnes raisons à cela, car depuis l'aube même de l'Histoire, ceci a été la règle de chaque Hiérophante et "Maître". Pythagore, le premier Adepte et véritable homme de Science de l'Europe préchrétienne, fût accusé d'avoir enseigné en public l'immobilité de la terre {le géocentrisme} (v. Note A) et le mouvement de rotation des astres autour d'elle, alors qu'il divulguait, à ses Adeptes privilégiés, sa croyance dans le mouvement de la terre comme planète et dans le système héliocentrique. Cependant, les raisons d'un tel secret sont nombreuses et elles n'ont jamais été cachées. La cause principale fut donnée dans Isis Dévoilée {le premier ouvrage de Madame Blavatsky, publié en 1877}. On peut la rappeler ici :
« Dès le jour où le premier mystique trouva les moyens de communication entre ce monde et les mondes de l’hôte invisible, entre la sphère de la matière et celle de l'esprit pur, il comprit que livrer cette science mystérieuse à la profanation des masses, serait la perdre. Un abus de celle-ci pourrait entraîner l'humanité à une destruction rapide ; ce serait comme laisser jouer des enfants avec des produits explosifs, tout en leur donnant des allumettes. Le premier adepte autogène n'initia que quelques élus, et garda le silence envers la multitude. Il reconnut son Dieu et sentit le grand Être à l’intérieur de lui-même. Dès le moment où l'homme reconnu l'"Atman", le "Soi" (1) comme le puissant Seigneur et Protecteur, dès le moment où l'homme se reconnu comme étant le "Je suis", l’"Ego Sum", le "Asmi", l'"Atman", le "Soi" communiqua la preuve silencieuse de tout son pouvoir à celui qui pouvait être capable de reconnaître « la petite voix immuable ». Depuis l'époque de l'homme primitif décrit par le premier poète Védique, jusqu'à notre époque moderne, il n'y a pas eu un seul philosophe digne de ce nom, qui n'ait ressenti dans le silencieux sanctuaire de son cœur, la sublime et mystérieuse vérité. S'il était initié, il l'apprit comme une science sacrée ; s'il ne l'était pas, alors, à l’instar Socrate se répétant à lui-même ainsi qu’à ses semblables la noble injonction "Homme, connais-toi toi-même", il pouvait réussir à reconnaître son Dieu à l’intérieur de lui-même. "Vous êtes des dieux", nous enseigne le Roi psalmiste {Psaume 82, 6} et nous voyons Jésus rappelant aux scribes que l'expression "Vous êtes des dieux" s'adressait à tous les hommes mortels, et, sans aucun blasphème, revendiquait pour eux ce même privilège (Jean, X, 34-35). Puis, en écho fidèle, Paul, tout en affirmant que nous sommes tous "le temple du Dieu vivant" (2ème Épitre aux Corinthiens, VI, 16), ajoute prudemment, qu’après tout, ces choses ne sont que pour les "sages", et qu'il n’est pas "légitime" d'en parler. » –Isis Unveiled, Vol. II, pp. 317-18.
On peut donner ici quelques raisons de ce secret.
La loi fondamentale et clef maîtresse de la Théurgie pratique, dans ses applications essentielles, complémentaires à l'étude sérieuse des mystères cosmiques et sidéraux, psychiques et spirituels, était et est toujours ce que les Néo-platoniciens grecs appelaient la « théophanie ». L’explication généralement admise est qu’il s'agit de « la communication entre les Dieux (ou Dieu) et les mortels initiés qui sont spirituellement prêts pour bénéficier d’une telle communication ». Cependant, ésotériquement, cela signifie bien plus que cela. Car, il ne s’agit pas seulement de la présence d'un Dieu, mais d’une incarnation réelle - bien que temporaire - la fusion, pourrait-on dire, de la Déité personnelle, le Soi Supérieur, avec l'homme, son représentant ou agent sur terre. En tant que loi générale, le Dieu le plus élevé, la Sur-Âme de l'être humain (l’Atma-Buddhi, {l’Esprit-Âme spirituelle}), adombre simplement l'individu, tout au long de sa vie, dans un but d’instruction et de révélation ; ou, comme diraient les catholiques romains – qui ont appelé à tort cette Sur-Âme « l'Ange gardien » – « Il se tient en dehors et veille ». Mais dans les mystères théophaniques, il s'incarne dans le théurgiste à des fins de révélation. Quand il s’agit d’une incarnation temporaire, pendant ces mystérieuses transes ou « extases », que Plotin définit comme
« La libération du mental de sa conscience finie, pour devenir l’un et s’identifier à l'Infini »,
cette sublime condition est très brève. L'âme humaine étant la progéniture ou l'émanation de son Dieu, le « Père et le Fils » deviennent un, « la fontaine divine se déversant dans son lit humain » (2). Dans des cas exceptionnels, cependant, le mystère est complet : le Verbe se fait véritablement chair, l'individu devenant divin dans le plein sens du terme, car son Dieu personnel a fait de lui son tabernacle permanent de vie – « le temple de Dieu », comme le dit Paul {1ère Épitre aux Corinthiens, 3, 16}.
Maintenant, ce qui est appelé ici le Dieu personnel de l'Homme n'est pas, bien sûr, son septième Principe seul, qui n'est, per se et en essence, qu'un rayon de l'Océan infini de Lumière. En conjonction avec notre Âme Divine, Buddhi, on ne peut l’appeler une Duade, comme cela aurait pu être le cas, car, bien que formé d’Atma et de Buddhi (les deux Principes supérieurs), le premier n'est pas une entité mais une émanation de l'Absolu et, en réalité, inséparable de cet Absolu. Le Dieu personnel n'est pas la Monade, mais en est en fait le prototype, qu’on appelle, faute d'un meilleur terme, le Kāranātman manifesté (l’Âme Causale) (3), un des « sept » réservoirs primordiaux des Monades humaines ou Egos. Ces individualités sont formées et fortifiées progressivement au cours de leur cycle d'incarnations par un accroissement constant provenant des personnalités dans lesquelles s'incarne ce principe androgyne, mi-spirituel, mi-terrestre, participant à la fois du ciel et de la terre, que les vedantins appellent Jiva et Vijñānamaya Kośa, et les Occultistes le Manas (mental) ; en bref, c’est ce qui s'unissant partiellement à la Monade, s'incarne à chaque nouvelle naissance. En parfaite union avec son (septième) Principe, l'Esprit pur, Il est le Soi Supérieur divin, comme le sait tout étudiant de la Théosophie. Après chaque nouvelle incarnation, Buddhi-Manas recueille, pour ainsi dire, l'arôme de la fleur, appelée la personnalité, dont le résidu purement terrestre, sa lie, est abandonné pour se dissiper comme une ombre. C'est la partie la plus difficile de la doctrine, en raison de sa métaphysique si transcendante.
Comme il est répété maintes fois dans Isis Dévoilée et dans d'autres ouvrages, les philosophes, les sages et les adeptes de l'antiquité ne pourront jamais être accusés d'idolâtrie. En fait, ce sont eux qui, reconnaissant l'Unité divine, suite à leur initiation aux mystères de l’ésotérisme, étaient les seuls à même de comprendre correctement l’hyponoia ( ) ou le sens caché de l’anthropomorphisme des soi-disant anges, dieux ou entités spirituelles de toutes sortes. Chacun, adorant l'Essence Divine Une qui imprègne le monde de la Nature dans son entier, honorait, mais jamais n’adorait ni n’idolâtrait l'un quelconque de ces « Dieux », supérieur ou inférieur, ni même sa propre Déité personnelle, dont il était un Rayon et auquel il faisait appel (4).« La Triade sacrée qui émane de l'Un, est la Tétraktis. Les dieux, les daimôns et les âmes sont une émanation de la Triade. Les héros et les hommes reflètent cette hiérarchie en eux-mêmes ».Ainsi disait le Pythagoricien Métrodore de Chios, la dernière partie de cette citation indiquant que l'homme a, en lui-même, les sept pâles reflets des sept Hiérarchies divines. Son Soi Supérieur est donc, en lui-même, un rayon réfracté du Rayon direct. Celui qui considère ce dernier comme une Entité, au sens usuel du terme, fait partie de ces « infidèles et athées » dont a parlé Épicure, car il fixe sur ce Dieu l’« opinion de la foule », c’est-à-dire, un anthropomorphisme du genre le plus grossier (5). L'adepte et l'occultiste savent que « ce qu'on appelle les Dieux sont seulement les principes premiers » (6). Néanmoins, ils sont des « Principes » intelligents, conscients et vivants, les Sept Lumières Primaires manifestées de la Lumière non manifestée qui pour nous est Obscurité. Ce sont les Sept ‒ exotériquement les quatre ‒ Kûmara ou « Fils nés du Mental » de Brahmâ ; et encore une fois ils sont les Dhyân Chohan qui, de toute éternité, sont les prototypes des Dieux inférieurs et des hiérarchies d'Êtres divins, dont nous - hommes – sommes à l'extrémité la plus basse de cette échelle de l'être.
Ainsi, par chance, le polythéisme, lorsqu'il est compris dans son sens philosophique, peut être d'un degré supérieur au monothéisme déclaré du protestant qui limite et conditionne la divinité en qui ils persistent à voir l’Infini, mais dont les supposées actions font de cet « Absolu et Infini » le plus absurde paradoxe philosophique. De ce point de vue, le catholicisme romain, en lui-même, est infiniment plus élevé et plus logique que le protestantisme, bien que l'Église romaine se soit contentée de n’adopter que l'exotérisme de la « foule » païenne et de rejeter la philosophie du pur ésotérisme.
Ainsi, chaque mortel a sa contrepartie immortelle, ou plutôt son archétype, dans les cieux. Cela signifie que le premier est indissolublement uni au second, dans chacune de ses incarnations, et durant tout le cycle de ses naissances, qui n’est possible que via le Principe spirituel et intellectuel en lui, entièrement distinct de son soi inférieur, jamais à travers la personnalité terrestre. Certaines personnalités seront même capables de rompre complètement ce lien d’union, en cas d’absence dans l’individu de qualités morales, c’est-à-dire, de liens spirituels. Vraiment, comme le dit Paracelse dans sa phraséologie curieuse et torturée : l'homme avec ses trois Esprits (composés) est suspendu tel un fœtus, par tous les trois, à la matrice du Macrocosme. Le fil qui le maintien uni est « l’Âme-Fil », le sūtrātman, et le taijasa (le « Lumineux ») des vedantins. Et c'est par ce Principe spirituel et intellectuel dans l'homme, par le taijasa ‒ le Lumineux, « car il est uni à cet organe interne lumineux » ‒ que l'homme est ainsi uni avec son prototype céleste, jamais par son moi intérieur inférieur ou corps astral, pour lequel, dans la plupart des cas, il ne lui reste rien d’autre qu’à se dissiper.
L'occultisme, ou théurgie, enseigne les moyens de produire une telle union. Mais c’est par ses propres actions - c'est-à-dire par son mérite personnel seul - que l'homme peut y parvenir sur terre ou en déterminer la durée. Ceci ne pourra durer de quelques secondes ‒ tel un éclair ‒ ou se prolonger sur plusieurs heures, durant lesquelles le théurgiste ou le théophaniste sera ce « Dieu » adombrant lui-même. Par conséquent, pendant ce moment, il est doté d'une omniscience et d'une omnipotence relatives. Avec de tels adeptes (divins) comme le Bouddha (7) et d'autres, un tel état hypostatique de condition avatarique {divine} peut durer toute la vie ; tandis que pour des Initiés complets qui n'ont pas encore atteint le parfait état de Jīvanmukta (8), la théopneustie, quand elle se manifeste pleinement, se traduit, pour un grand adepte par le souvenir complet de tout ce qui a été vu, entendu ou ressenti.
« Taijasa ... murit dans le suprasensible », est-il dit (9).
Pour celui qui est moins parfait, cela n'aboutit qu'à un souvenir vague et partiel ; alors que le débutant doit faire face, dans la première période de ses expériences psychiques, à une simple confusion, suivie par l’oubli rapide et complet des mystères vus au cours de cet condition super-hypnotique. Le degré de souvenir, quand quelqu’un revient à l’état de veille et à l’usage de ses sens physiques, dépend de sa purification spirituelle et psychique, le plus grand ennemi de la mémoire spirituelle étant le cerveau physique de l’homme, l’organe de sa nature sensible.
Les états ci-dessus sont décrits pour une compréhension plus claire des termes utilisés dans cet article. Il y a une telle quantité et variété de conditions et d'états que même un Voyant est susceptible de les confondre. Pour revenir au mot grec, rarement utilisé, de « theophania », il faut savoir qu’il avait un sens bien plus profond pour les néo-platoniciens qu’il n’en a pour un créateur moderne de dictionnaires. Le mot composé Theophania (theos, « Dieu » et phainesthai, « apparaître ») ne signifie pas simplement « une manifestation de Dieu à l'homme sous une apparence réelle » ‒ car, soit dit en passant, ce serait une absurdité ‒ mais la présence réelle d’un Dieu dans l'homme, une incarnation divine. Lorsque Simon le Magicien prétendait être « Dieu le Père », ce qu'il voulait dire est justement ce qui vient d’être expliqué, à savoir qu'il était une incarnation divine de son propre Père, que nous voyions en ce dernier un Ange, un Dieu, ou un Esprit. C'est pourquoi on l’appelait « la Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la Grande » (10), ou ce pouvoir qui fait que le Soi divin s’enchâsse lui-même dans son soi inférieur ‒ l’homme.
C'est l'un des nombreux mystères de l'être et de l'incarnation. Un autre mystère est celui d’un adepte qui a atteint de son vivant l’état de sainteté et de pureté qui le rend « égal aux Anges », et dont, à la mort, le corps astral ou d'apparition devient aussi solide et tangible que l'était son corps terrestre, et qui se transforme en l’homme réel (11). L'ancien corps physique est abandonné comme un serpent se libère de sa peau, et le corps de l'homme « nouveau » reste soit visible ou, au choix de l'adepte, échappe à la vue, enveloppé dans la coque akashique qui le masque. Dans ce dernier cas, trois possibilités s’offrent à l'Adepte :
- Il peut rester dans la sphère terrestre (vâyu {vents karmiques} ou kamaloka), dans ce lieu éthéré, caché à la vue humaine sauf lors de flashs de clairvoyance. Dans ce cas, son corps astral, en raison de sa grande pureté et spiritualité, ayant perdu les conditions requises pour que la lumière akashique (l'éther inférieur ou terrestre) puisse absorber ses particules semi-matérielles, l'adepte devra alors rester en compagnie des coques {astrales} en désintégration ‒ sans pouvoir entreprendre un travail bon ou utile. Cette solution, bien sûr, ne peut pas être envisagée.
- Il peut, par un suprême effort de volonté, se fondre entièrement dans sa Monade et ainsi s'unir à elle. Faisant ainsi, il va, (a) priver son Soi supérieur d’un samâdhi posthume – un état de béatitude qui n’est pas un vrai nirvana – l'astral, bien que pur, étant trop terrestre pour un tel état ; et (b) s’exposer, de cette façon, à la loi karmique, dont l’action n’est, en réalité, que le résultat de l’égoïsme personnel qui vise à récolter les fruits produits par et pour soi.
- L'adepte a la possibilité de renoncer au nirvana conscient et au repos, pour travailler sur terre pour le bien de l'humanité. Ceci, il peut le faire de deux manières : soit, comme cela a été dit plus haut, en consolidant son corps astral pour lui donner une apparence physique, et reprendre la même personnalité ; soit, il peut utiliser, par lui-même, un corps physique entièrement nouveau, que ce soit celui d'un nouveau-né ou ‒ comme Sankarâchârya est censé l’avoir fait avec le corps d'un Raja décédé {depuis peu} ‒ en "entrant dans une enveloppe désertée" et en y vivant aussi longtemps qu’il en aura besoin. C'est ce qu'on appelle {développer} une "existence continue". L’article intitulé « Le Mystère de Bouddha » donne un éclairage complémentaire à cette théorie, qui pour un profane est incompréhensible, et pour la masse est tout simplement absurde. Mais, telle est la doctrine qui est enseignée, et que chacun peut soit chercher à approfondir davantage, soit s’en détourner.
Ce qui précède n'est qu'un fragment de la connaissance qui aurait pu être donnée dans Isis Dévoilée, si le moment l’avait permis, ce qui est le cas aujourd’hui. On ne peut étudier, ni tirer profit de la Science Occulte, sans s'y donner complètement, cœur, âme et corps. Certaines de ses vérités sont trop redoutables, trop dangereuses, pour l'esprit moyen. Personne ne peut s’amuser, ni jouer, avec des armes aussi terribles en toute impunité. Par conséquent, comme dit saint Paul, il est « illégitime » d'en parler. Retenons l’avertissement et ne parlons que de ce qui est « permis ».
La citation d’Isis Dévoilée faite au début de cet article ne concerne d'ailleurs que la magie psychique ou spirituelle. Les enseignements pratiques de la Science Occulte sont entièrement différents et rares sont les esprits forts vraiment aptes à s’y consacrer. Quant à l'extase, et à d'autres formes similaires d'auto-illumination, elle peut être obtenue par soi-même et sans aucun maître ou initiateur, car l'extase est atteinte par un commandement et un contrôle intérieur du Soi sur l'Ego physique. En ce qui concerne la maîtrise des forces de la Nature, cela nécessite un long apprentissage ou l’aptitude de celui qui serait né "Magicien par nature". En attendant, il est fortement conseillé à ceux qui n’ont aucune des qualifications requises de se limiter au développement purement spirituel. Mais même cela est difficile, car la première qualification nécessaire est une croyance inébranlable en ses propres pouvoirs et en la Divinité en soi-même ; sinon, l’homme se développerait tout simplement en un médium irresponsable. À travers l’ensemble de la littérature mystique du monde antique, nous trouvons la même idée de l'ésotérisme spirituel selon laquelle le Dieu personnel existe à l'intérieur de l'adorateur, nulle part à l'extérieur. Cette Déité personnelle n'est pas un vain souffle, ni une fiction, mais une Entité immortelle, l'Initiateur des Initiés, maintenant que les Initiateurs divins ou Célestes de l'humanité primitive ‒ les Śishtas {Sages} des cycles précédents ‒ ne sont plus parmi nous. Comme un courant souterrain, rapide et limpide, il coule sans mêler sa pureté cristalline aux eaux boueuses et troubles du dogmatisme, de l’intolérance religieuse et d’une divinité anthropomorphe imposée. On trouve cette idée dans la phraséologie torturée et barbare du Codex Nazaréens (12) et dans le superbe langage néo-platonicien du quatrième Évangile de la religion postérieure, dans le Veda le plus ancien, dans l'Avesta, dans l'Abhidharma, dans les Sânkhya-Sûtras de Kapila, et dans la Bhagavad-Gîtâ [ainsi que dans les Yoga Sutras de Patanjali]. Nous ne pouvons pas atteindre l'état d’Adepte et le Nirvana, la Félicité et le « Royaume des Cieux », à moins de nous unir indissolublement à notre Rex Lucis, le Seigneur de Splendeur et de Lumière, notre Dieu immortel en nous. Aham eva Parabrahman ‒ « Je suis le Brahman Suprême, en vérité » ‒ a toujours été l’unique vérité vivante dans le cœur et l'esprit des adeptes, et c'est celle-ci qui aide le mystique à devenir Un. On doit, avant tout, reconnaître son propre Principe immortel, et alors seulement on pourra conquérir ou prendre le Royaume des Cieux par la violence. Seulement cela doit être réalisé par l’homme supérieur, pas par celui du milieu, ni par le troisième, ce dernier étant fait de poussière. Pas plus que le deuxième homme, le « Fils » ‒ sur ce plan, comme son « Père » est le Fils sur un plan encore plus élevé ‒ ne peut rien faire sans l’assistance du premier, le « Père ». Par conséquent pour réussir, on doit s'identifier soi-même à son Parent divin.
« Le premier homme, issu du sol, est terrestre ; le deuxième homme [intérieur, notre supérieur] est le Seigneur céleste. . . . Oui, je vais vous dire un mystère. » (13).
Ainsi parlait Paul, ne mentionnant que l’aspect double ou trinitaire de l'homme pour se faire mieux comprendre des non-initiés. Mais ce n'est pas tout, car l'injonction delphique doit être réalisée : l'homme doit se connaître lui-même s’il veut devenir un adepte parfait. Cependant, combien peu nombreux sont ceux qui arrivent à acquérir cette connaissance, non seulement dans son sens mystique intérieur, mais même dans son sens littéral, car le commandement de l'Oracle a deux sens. C'est la doctrine pure et simple du Bouddha et des bodhisattvas.
Tel est aussi le sens mystique de ce que Paul disait aux Corinthiens sur le fait que chacun était le « temple de Dieu », car ésotériquement, cela signifiait :
« Vous êtes le temple [de, ou de votre] Dieu, et l'Esprit [d’un, ou de votre] Dieu habite en vous. » (14)
Cela contient précisément la même signification que l’expression « Je suis Brahman, en vérité » des vedantins. Cette dernière affirmation n'est pas plus blasphématoire que celle de Paul, ‒ comme s'il y pouvait y avoir un quelconque blasphème dans l'une ou l'autre, ce qui n’est évidemment pas le cas. Seul le vedantin, qui ne fait jamais référence à son corps comme étant lui-même, ni-même une partie de lui-même, mais comme rien d'autre qu'une forme illusoire nécessaire pour que les autres le voient, construit son affirmation sur une base plus large et sincère que celle de Paul.
Le commandement delphique, « Connais-toi toi-même », était parfaitement compréhensible par toutes les anciennes nations. Il en est toujours ainsi car, en-dehors des chrétiens, il fait partie intégrante de toutes les religions orientales, y compris des juifs instruits dans la cabale, sauf des musulmans. Cependant, pour en comprendre la pleine signification, il faut, avant tout, croire en la réincarnation et à tous ses mystères. Non pas tels qu'énoncés dans la doctrine des français « réincarnationistes » de l'école d'Allan Kardec, mais tels qu'ils sont exposés et enseignés par la philosophie ésotérique. En bref, L'homme doit savoir qui il était avant d’arriver à la connaissance de ce qu'il est. Et parmi les européens, combien sont capables de développer en eux-mêmes une croyance absolue dans leurs réincarnations passées et futures, d’une manière générale, ne serait-ce qu’en tant que loi, sans parler de la connaissance mystique de leur vie immédiatement précédente ? L’éducation dès la prime enfance, la tradition et la formation de la pensée, tout s'oppose durant leur vie entière à une telle croyance. Les gens cultivés ont été élevés dans l’idée, des plus pernicieuses, que la grande différence constatée entre les membres d'une seule et même humanité, ou même race, n’est que le résultat du hasard ; que le gouffre entre les hommes, dans leurs positions sociales respectives, leur naissance, leur intelligence, leurs capacités physiques et mentales ‒ chacune de ces qualifications ayant une influence directe sur chaque vie humaine ‒ que tout cela n’est dû qu’à un hasard aveugle, seuls les plus bigots parmi eux trouvant une consolation ambigüe dans l'idée que c'est « la volonté de Dieu ». Ils n'ont jamais analysé, ni même cessé de penser à la profondeur de l’opprobre ainsi jetée sur leur Dieu, une fois que la plus équitable et grande loi des renaissances multiples de l'homme sur cette terre est rejetée de manière stupide. Les hommes et femmes soucieux d'être considérés comme chrétiens, essayant souvent, véritablement et sincèrement, de mener une vie semblable à celle du Christ, ne se sont jamais arrêtés pour réfléchir méditer sur les termes de leur propre Bible. Quand les prêtres juifs et les Lévites demandent au Baptiste : « Es-tu Élie ? » (Jean, I, 21). Leur Sauveur enseigna, à Ses disciples, cette grande vérité de la Philosophie Ésotérique {de la réincarnation}. Mais, en vérité, si Ses Apôtres l’avaient saisie, personne d’autre ne semble avoir compris son véritable sens. Personne, pas même Nicodème qui, à l’affirmation {lorsque le Christ lui dit}, « À moins que l’homme ne naissent de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (15), répond : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? » ; et il lui est aussitôt fait la remarque : « Es-tu Maître en Israël et ne connais-tu pas ces choses ? ». En effet, nul n’a le droit de s’appeler lui-même un « Maître » et Instructeur, s’il n’a pas été initié aux mystères, (a) de la renaissance spirituelle par l'eau, le feu et l'esprit, et (b) de la renaissance par la chair (16). Ainsi, à nouveau, n’y a-t-il pas d’expression plus claire que celle de la doctrine de la réincarnation et que la réponse apportée par Jésus aux sadducéens « qui niaient qu'il y ait une quelconque résurrection » (Luc, xx, 27), c'est-à-dire une quelconque renaissance {d’en haut}, car le dogme de la résurrection de la chair est considéré, maintenant, comme une absurdité, même par le clergé intelligent :
« Ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part à ce monde-là [le nirvana] (17) ne se marient pas. . . ils ne peuvent plus mourir » (Luc, xx, 35),
ce qui montre qu'ils étaient déjà morts et plus d’une fois. Puis, à nouveau {Jésus ajoute} :
« Maintenant que les morts sont ressuscités, comme Moïse l’a laissé à entendre . . . dans le passage du Buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob, car il n'est pas un Dieu des morts, mais des vivants. » (Luc, xx, 37-38).
La phrase « maintenant que les morts sont ressuscités » s'appliquait, de manière évidente, à la renaissance déjà bien réelle des Jacobs et des Isaacs, et non à leur future résurrection. Car, dans un tel cas, ils auraient été encore morts, pendant cette période, et n’auraient pas pu être appelés « des vivants ».
Mais, on trouve la plus suggestive des paraboles et des « paroles mystérieuses » du Christ dans l'explication qu’il a donné à ses apôtres au sujet de l'aveugle :
« ‘Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?’ Jésus répondit : ‘Ni lui [cet homme physique aveugle] ni ses parents ; mais c’est afin que les œuvres de [son] Dieu’ puissent se manifester en lui » (Jean, ix, 2-3).
L'homme est le « tabernacle », l’unique la « demeure », de son Dieu. Et, bien sûr, ce n'est pas le temple mais son pensionnaire ‒ le véhicule du « Dieu » (18) ‒ qui avait péché dans une incarnation précédente et avait ainsi apporté le Karma de cécité dans la nouvelle demeure. Ainsi, Jésus parlait vrai. Mais, jusqu'à ce jour, ses disciples ont refusé de comprendre les paroles de sagesse prononcées. Le Sauveur est présenté par ses disciples comme s’il était en train, par ses mots et explications, de paver le sentier d’un programme prédéfini qui devait aboutir à un miracle voulu. En vérité, dès ce moment et pendant dix-huit siècles, le Grand Martyr est resté la victime crucifiée, chaque jour, bien plus cruellement par ses disciples cléricaux et ses disciples laïcs qu’il n’aurait pu l’être par ses ennemis allégoriques. Car tel est le véritable sens des paroles « afin que les œuvres de Dieu puissent se manifester en lui », prises à la lumière de l'interprétation théologique, et elles sont des plus indignes, si on rejette l'explication ésotérique.
Sans aucun doute, ce qui précède sera considéré comme un nouveau blasphème. Néanmoins, nous avons connaissance de nombre de chrétiens – dont les cœurs sont attirés fermement vers leur idéal de Jésus, et dont les âmes rejettent l'image théologique du Sauveur officiel – qui réfléchiront à notre explication et n'y trouveront aucune offense, mais peut-être un soulagement.
H.P. Blavatsky
Notes
Note A : les commentaires insérés entre les signes { xxx } sont du traducteur.
(1) [Note publiée dans Isis Dévoilée (Isis Unveiled, II, pp. 317-18), sur la voie mystique : « Ce "Soi" que les philosophes grecs nommaient l’Augoeides, le "Brillant", est décrit de manière remarquable et impressionnante dans le Veda traduit par Max Müller. Démontrant que le Veda est le premier ouvrage des nations aryennes, le professeur ajoute que "nous y découvrons une période de la vie intellectuelle de l'homme qui n'a pas son pareil dans aucun autre pays du monde. Dans les hymnes du Veda nous voyons que l'homme est laissé à lui-même pour résoudre l'énigme de ce monde... Il invoque les dieux autour de lui, les loue et les adore. Cependant, malgré tous ces dieux... au-dessus et au-dessous de lui, le poète primitif semble être inquiet en son for intérieur. Là, aussi, dans son propre cœur, il a découvert un pouvoir qui n'est jamais muet lorsqu'il prie, qui n'est jamais absent lorsqu'il a peur et tremble. Il paraît inspirer ses prières, et cependant les écouter. Il semble vivre au-dedans de lui et, également, le soutenir et soutenir tout ce qui l'entoure. Le seul nom qu'il put donner à cette force mystérieuse était "Brâhman" ; car brâhman voulait dire originellement, force, volonté, désir et le pouvoir propulsif de la création. Mais ce Brâhman impersonnel, aussitôt qu'il est nommé devient quelque chose de grand et de divin. Il finit par devenir un des nombreux dieux, un des dieux de la grande triade, qu'on adore jusqu'à ce jour. Et, cependant cette pensée en lui-même n'a pas véritablement de nom ; ce pouvoir qui n'est rien d'autre que lui-même, qui porte les dieux, les cieux et tout ce qui vit, flotte devant son mental, qu’il peut concevoir mais non exprimer. Il finit par l’appeler "l'Atman", car Atman, qui était à l’origine le souffle ou l'esprit, en vint à signifier le Soi et le Soi seulement ; Le Soi, Divin ou humain ; le Soi, qui crée ou qui souffre ; le Soi qui est l’un ou le tout ; mais toujours le Soi qui est indépendant et libre. "‘Qui a vu le premier né’, demande le poète, ‘lorsque celui qui n'avait pas encore d'os (c'est-à-dire de forme) engendra celui qui avait des os ? Où était la vie, le sang, le Soi du monde ? Qui alla demander à celui qui le savait’" (Rig-Veda, I, 164, 4). Cette notion du Soi divin, dès qu’elle est exprimée, tous devraient en reconnaître l’importance essentielle ; "Le Soi est le seigneur de toutes choses, le Soi est le Roi de toutes choses. De même que tous les rayons d'une roue sont insérés entre le moyeu et la circonférence, de même, toute chose est contenue dans ce Soi ; tous les soi sont contenus dans ce Soi", (Brihad Âranyaka, IV, 5-15, éd. Rœr, p. 487). Brâhma lui-même n'est autre chose que le Soi (Ibid., p. 478 ; Chândogya-upanishad, VIII, 3, 3-4) » ; extraits de Chips from a German Workshop, de Max Müller, vol. I, pp. 69-70, New-York, 1870].
(2) Plotin affirme avoir éprouvé quatre fois cette sublime extase au cours de sa vie mystique. Porphyre assure qu'Apollonius de Tyane s’était, lui aussi, uni quatre fois à sa divinité – une affirmation que nous pensons être une méprise, car Apollonios était un Nirmânakâya (une incarnation divine, pas un Avatar) – et lui (Porphyre) qu’une seule fois, quand il avait plus de soixante ans. La théophanie (ou l'apparition réelle d'un Dieu à l'homme), la théopathie (ou « l'assimilation de la nature divine ») et la théopneustie (l'inspiration ou plutôt le pouvoir mystérieux d'entendre oralement les enseignements d'un Dieu) n'ont jamais été correctement comprises. [Voir aussi New Platonism and Alchemy, d’Alexander Wilder.]
(3) le Kârana-sarîra est le corps « causal » et on dit parfois qu'il est le « Dieu personnel ». Et, dans un sens, c’est bien cela.
{Glossaire Théosophique (éd. Adyar) : kârana-sarîra (sanskrit : le « corps causal »). Son sens est double. Exotériquement, c'est avidyâ, l'ignorance, ou ce qui est la cause de l'évolution de l'ego humain et de sa réincarnation, donc le manas [mental] inférieur ; ésotériquement, c’est le corps causal ou kâranopâdhi du Târaka Raja yoga, qui correspond à buddhi et au manas [mental] supérieur ou l’âme spirituelle.}
(4) En un sens, ce serait l’adoration de Soi.
(5) « Les Dieux existent, » disait Épicure, « mais ils ne sont pas ce que les hoi polloi (la multitude {la foule} supposent qu'ils sont. N'est pas un infidèle ou un athée celui qui nie l'existence des dieux que la foule adore, mais c'est celui qui attribue aux dieux les opinions de la multitude ». [Diogène de Laërce, Vies, Doctrines et Sentences des philosophes illustres, X, 123.]
(6) [Aristote : Métaphysique, Livre XII, 8, p. 1074 av.]
(7) Ésotérique, comme exotérique, le bouddhisme rejette la théorie selon laquelle Gautama était une incarnation ou un Avatar de Vishnu, mais enseigne la doctrine qui est expliquée ici. Chaque homme a, en lui, les matériaux, si ce n’est les conditions, pour avoir des relations théophaniques et de théopneustie, le « Dieu » qui l’inspire étant, cependant, dans tous les cas, son propre Soi Supérieur ou son prototype divin.
(8) Un Jivanmukta est celui qui est entièrement et absolument purifié, et n'ayant plus rien de commun avec la terre hormis son corps {humain}.
(10) Actes des Apôtres, viii, 10.
(11) Voir les explications données à ce sujet dans L’Élixire de Vie (The Elixir of Life, par G. Mitford – extrait du Carnet d’un Chela – Five years of Theosophy, Londres, 1885 [réédité par Theosophy Company en 1980].
(12) [Publié sous le titre Le Livre d'Adam ou Liber Adami {ou Codex Nasaræus} en latin et Syriaque par Matthias Norberg en 3 vol., 1815-16].
(13) 1ère Épitre aux Corinthiens, xv, 47, 51. [Citée dans Isis Dévoilée – v. Isis Unveiled, II, p. 318].
(14) 1ère Épitre aux Corinthiens, iii, 16. Le lecteur a-t-il jamais médité sur les paroles suggestives, souvent prononcées par Jésus et ses Apôtres ? Le Grand Maître dit : « Soyez donc parfaits, comme votre Père. . . est parfait » (Matthieu, v, 48). Les mots « aussi parfait que votre Père qui est dans les cieux », étant interprétés comme signifiant Dieu. Maintenant, c’est évidemment une absurdité totale que tout homme puisse devenir aussi parfait que la Déité infinie, toute parfaite, omnisciente et omniprésente. Si vous acceptez la phrase dans ce sens, Jésus serait présenté comme ayant proféré la plus grande des erreurs. Ésotériquement, cela signifie : « [Soyez comme] votre Père qui est, au-dessus de l'homme matériel et astral, le Principe le plus élevé (hormis la Monade) à l'intérieur de l'homme, son propre Dieu personnel, ou le Dieu de sa propre personnalité, dont il est la 'prison' et le 'temple' ». « Si tu veux être parfait (c'est-à-dire, un Adepte et un Initié), va et vends ce que tu as » (Matthieu, xix, 21). Tout homme qui désirait devenir un néophyte, un chéla, devait, à l’époque, comme aujourd'hui, faire vœu de pauvreté. "Parfait" était le nom donné aux Initiés de chaque secte religieuse {ésotérique}. Platon les désigne par ce terme. Les Esséniens avaient leur « Parfait », et Paul déclare clairement qu'eux, les Initiés, ne peuvent parler que devant d’autres Adeptes. « Nous parlons sagesse parmi ceux [uniquement] qui sont parfaits » (1ère Épitre aux Corinthiens, ii, 6.)
(15) Jean, iii, 3. « Né » d'en haut, c'est-à-dire, de sa Monade ou EGO divin, le septième Principe, qui est jusqu'à la fin du Kalpa {c’est-à-dire, le temps de manifestation d’un univers}, le foyer, et en même temps le Principe qui adombre, comme Kâranâtman (Âme Causale), la personnalité dans chacune de ses renaissances. En ce sens, l’expression « né de nouveau » signifie « descendu d'en haut », les deux derniers mots ne faisant pas référence au ciel ou à l'espace, aucun des deux ne pouvant être limités ou localisés, puisque l'un est un état et l'autre est infini, d’où l’absence de points cardinaux. (Voir Nouveau Testament).
(16) Cela ne peut pas faire référence au baptême chrétien, car il n'y avait pas de baptême du temps de Nicodème et il ne pouvait donc rien en connaître, même s'il était un "Maître".
(17) Ce mot, traduit dans le Nouveau Testament par « monde » pour convenir à l'interprétation officielle, signifie plutôt un « âge » (comme indiqué dans une version révisée) ou une des périodes pendant un Manvantara, un Kalpa ou une éternité. Ésotériquement, la phrase devrait se lire : « Celui qui atteindra, à travers une série de naissances et selon la loi karmique, l'état dans lequel l'humanité se trouvera après la Septième Ronde et la Septième Race, quand vient le Nirvana, Moksha, et quand l'homme devient ‘égal aux Anges’ ou aux Dhyani-Chohans, il est un ‘fils de la résurrection’ et ‘il ne peut plus mourir’, alors il n'y aura ni mariage, ni différence de sexes » – le résultat de notre matérialité et animalité actuelles.
(18) L'Ego conscient, ou Cinquième Principe, Manas, le véhicule de la Monade divine ou « Dieu ».