La Voie parfaite - Les divers ordres d'esprits - Moyen de les distinguer
Retour sommaire (témoignanes et articles)
La Voie parfaite, ou le Christ ésotérique
d’Anna Kingsford & Edouard Maitland (éd. Française, 1891, extraits) – Traduction en français par Édouard Schuré de l’ouvrage The Perfect Way, or The Finding of Christ. Télécharger l'ouvrage de la bibliothèque BNF Gallica
Sommaire : Chapitre III - Note (1) - (Note 2)
Les divers ordres d’esprits – Moyen de les discerner
Partie III : La sphère céleste ; la procession de l’Esprit ; le triangle de la vie ; le Génie ; ou l’l’Ange gardien, sa genèse, sa nature et ses fonctions ; les Dieux ou Archanges…
37. Pour mieux comprendre la procession de l'Esprit, nous commencerons par expliquer ici que la Vie peut être représentée par un triangle au sommet duquel se trouve Dieu. Les deux côtés de ce triangle sont formés par deux courants dont l'un coule extérieurement et l'autre en montant. On supposera que la base représente le plan matériel. De Dieu procèdent les Dieux, les Elohim, ou les puissances divines qui sont les agents actifs de la création. Des Dieux procède toute la hiérarchie du ciel avec ses divers ordres, du plus haut au plus bas. Les derniers sont les ordres des genii, ou anges gardiens. Ils touchent à la sphère astrale, mais n'y entrent pas. L'autre côté du triangle est une continuation de sa base. De là la signification de la pyramide et de l'obélisque. La pyramide représente le triangle de la Vie, elle a quatre côtés et repose sur la terre. L'obélisque, dont le sommet seul est pyramidal, représente une continuation de la base, et il est couvert de formes sculpturales décrivant la vie animale. Car la continuation de la base du triangle de la vie contient les types les plus bas de la vie, les premières tentatives d'incarnation, et de ce courant qui, au rebours du premier, coule intérieurement et en montant. Le côté du triangle représenté par ce courant arrive à son apogée dans le Christ, et se déverse dans le pur Esprit qui est Dieu. Il y a, par conséquent, des esprits qui, par leur nature même, n'ont jamais été et ne pourront jamais être incarnés ; et il y en a d'autres qui atteignent leur perfection par le moyen de l’incarnation. Les genii, les daïmons, ou les anges gardiens, n'ont rien de commun avec les astraux ; ils sont à la fois différents et supérieurs. Se trouvant au dedans de la sphère céleste, leur fonction est d'élever l'homme d'en bas jusqu'à la région supérieure où ils se trouvent, et qui, à proprement parler, appartient aussi à l'homme.
38. Le jour et la nuit du Microcosme, l'homme, sont ses états de projection et de réflexion. Dans l'état de projection, nous cherchons activement à l'extérieur ; nous désirons, nous voulons avec force, nous sommes en communion active avec le Dieu extérieur.
39. Dans l'état de réflexion, nous regardons au dedans, nous communions avec notre propre cœur, nous nous retirons au dedans et nous nous concentrons secrètement et intérieurement. Dans cet état la « Lune » éclaire notre chambre cachée et nous montre notre moi dans ses retraites les plus intimes.
40. Qui, ou qu'est-ce que cette Lune ? C'est une partie de nous qui fait sa révolution avec nous. C'est notre affinité céleste dont il est dit : « Leurs anges contemplent toujours la face de mon Père » [Bible : référence probable à l’Apocalypse, 4, 5 et 8, 12, et Tobie 12, 15].
41. Chaque âme humaine possède une affinité céleste qui fait partie de son système, qui est le type de sa nature spirituelle. Cette contrepartie angélique est le trait d'union entre l'homme et Dieu ; et c'est par la vertu de cette nature spirituelle qu'un ange est attaché à l'homme. Les êtres rudimentaires n'ont pas d'affinité céleste, mais du moment que l'âme s'éveille le trait d'union est établi.
42. Le Génie d'un homme est ce satellite. L'homme est une planète. Dieu — le Dieu de l'homme — est son soleil. Et la lune de cette planète est Isis, son initiatrice, son ange, son génie. Le génie sert l'homme et lui donne la lumière ; mais cette lumière vient de Dieu et non pas de lui-même. Le génie n'est pas une planète mais une lune ; et sa fonction est d'éclairer les lieux obscurs de sa planète.
43. C'est parce que l'homme est une planète qu'il a une lune. S'il n'était pas quaternaire il ne pourrait pas en avoir. Les hommes rudimentaires ne sont pas quaternaires. Ils n'ont pas l'esprit.
44. A chaque esprit-âme est attaché un génie appelé par Socrate, daïmon ; par Jésus, ange ; par les apôtres, esprit gardien. Ces divers noms désignent la même chose.
45. Le génie est lié à son client par un lien fait de la substance de l’âme. Une mauvaise vie persistante affaiblit ce lien ; et après plusieurs incarnations, — même jusqu'à soixante-dix-sept fois sept fois, comme il est dit mystiquement — qui ont été mal employées, le génie est libéré et l'âme définitivement perdue.
46. Le génie ne connaît bien que les choses qui ont rapport à la personne qu'il sert. Sur les autres questions, il n'a que des opinions. La relation de cet esprit secourable avec son client est fort bien représentée par celle du confesseur catholique avec son pénitent. Celui qui doit garder envers chaque pénitent le secret absolu des affaires des autres âmes. S'il n'en était pas ainsi il n'y aurait pas d'ordre, et aucun secret ne serait en sécurité. Le génie de chaque personne ne sait, sur ce qui concerne une autre personne, que ce que le génie de cette autre personne veut bien lui révéler.
47. Le génie est, par rapport à l'homme planète, la lune qui lui réfléchit le soleil, ou Dieu au dedans de lui. Car l'Esprit divin qui anime l'homme et le rend immortel est le Dieu de l'homme, le soleil qui l'éclaire. Et c'est ce soleil, et non pas l'homme extérieur et planétaire, que son génie, comme satellite, lui réfléchit. Ainsi attaché à sa planète, le génie est le complément de l'homme, et son « sexe » est toujours l'opposé de celui de sa planète. Et parce qu'il réfléchit non pas la planète mais le soleil, non pas l'homme (comme font les astraux), mais le dieu, on peut toujours se fier à sa lumière.
48. Le génie ne « domine » jamais son client, il ne souffre pas que l'âme quitte le corps pour permettre à un autre esprit d'y entrer. Au contraire, la personne « dominée » par un esprit astral, ou un élémentaire, ne parle pas en son propre nom, mais au nom de l'esprit [astral ou élémentaire] qui agit ; et les gestes, les expressions, les intonations et le volume de la voix changent avec l'esprit [astral, ou l’élémentaire] qui obsède. Une personne qui prophétise parle toujours sous l'influence de la première personne et dit : « Ainsi a dit le Seigneur », ou bien « Ainsi dit quelqu'un d'autre que moi ». Mais elle ne perd jamais sa propre personnalité.
49. Les génies ne sont pas des esprits lutteurs et ne peuvent pas empêcher les maux. Il ne leur a été permis de servir Jésus qu'après son combat avec les esprits inférieurs qui l'avait épuisé. Ces derniers n'attaquent que ceux qui doivent être éprouvés. Personne ne peut entrer dans la terre promise sans avoir passé par le désert. La meilleure arme contre eux est la prière. La prière signifie la direction intense de la volonté et du désir vers ce qu'il y a de plus élevé ; une intention inébranlable de ne rien savoir d'autre que ce qu'il y a de plus haut. Aussi longtemps que Moïse tint ses mains levées vers le ciel, les Israélites furent victorieux ; lorsqu'il les laissa tomber, la victoire passa aux Amalékites [Bible : Exode, 17, 11].
50. Il y a deux espèces de mémoires, la mémoire de l'organisme et la mémoire de l'âme. Tous les êtres possèdent la première. La seconde, qui s'obtient par une réminiscence [le mot anglais est : recovery], appartient à l'homme régénéré ; car l'Esprit Divin d'un homme ne fait un avec son âme que lorsque la régénération est accomplie, — cette union intime qui constitue ce qui est appelé mystiquement « le mariage de l’hiérophante ». Un des degrés de cet événement dans la vie de l'Initié est représenté par la parabole des Noces de Cana en Galilée [Bible, Jean, 2, 1/11].
51. Lorsque cette union est consommée, il n'y a plus besoin d'un initiateur, et alors la fonction du génie a pris fin. Car, de même que la lune, ou Isis, réfléchit le soleil pour la terre, de même le génie réfléchit pour l'Âme l'Esprit Divin auquel elle n'est pas encore complètement unie. En toutes choses règne l'ordre. Par conséquent il en est pour le Microcosme comme pour les planètes. Ceux qui sont le plus près de la Divinité n'ont pas besoin de lune. Mais aussi longtemps qu'ils sont dans la nuit, — c'est-à-dire tant qu'une partie quelconque de l'âme n'est pas illuminée, et que sa mémoire ou sa perception est obscure, — le miroir de l'ange continue à réfléchir le soleil pour cette âme.
52. La mémoire de l'âme se retrouve par le moyen d'une triple opération, — celle de l'âme elle-même, celle de la lune et celle du soleil. Le génie n'est pas l'esprit qui informe. Il ne peut rien apprendre à l'âme. Tout ce qu'elle reçoit lui appartient déjà. Mais dans l'obscurité de la nuit tout cela resterait inaperçu sans la torche de l'ange qui l'éclaire. « Oui », dit le génie-ange à son client, « je t'illumine, mais je ne t'instruis pas. Je t'avertis, mais je ne me bats pas pour toi. Je t’accompagne, mais je ne te conduis pas. Ton trésor est au dedans de toi. Ma lumière te montre où il est » (1).
53. Lorsque la régénération est complètement accomplie, l'Esprit divin seul instruit le Hiérophante. « Car les portes de sa cité ne seront jamais fermées ; et il n'y aura point de nuit, là ; la nuit ne sera plus. Et ils n'auront pas besoin de la lumière de la lampe parce que le Seigneur Dieu les éclairera lui-même ». Le Prophète est un homme qui est illuminé par son ange. Le Christ est un homme qui est marié à l'Esprit. Et s'il revient sur la terre c'est par pur amour pour sauver, car il n'a pas besoin, pour son propre compte, de rentrer dans la chair. C'est dans ce sens qu'il est dit qu'il vient du ciel. Car il a atteint le plus Haut et il est un Médium [un Intermédiaire] du Très-Haut. Il baptise avec le Saint-Esprit et avec le Feu Divin lui-même [voir, Bible, Jean, ch. 1, v. 19-34]. Il est toujours « dans le ciel ». Et s'il monte c'est parce que l'Esprit le soulève, même l'Esprit qui descend sur lui. « Et le fait qu'il descend vient de ce qu'il s'est d'abord élevé au-dessus des sphères jusqu'à la Présence la plus haute. Car celui qui monte s'élève par le fait qu'il est d'abord descendu dans les parties les plus basses de la terre. Celui qui descend est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir toutes choses » [voir par exemple, Bible, Jean, ch. 3, v.13]. Il revient donc d'un monde supérieur ; il n'appartient plus au domaine de la Terre. Mais il vient du Soleil lui-même, ou d'une sphère plus proche du Soleil que la nôtre, après avoir passé du plus bas au plus élevé.
54. Et, demandera-t-on, qu'advient-il du génie lui-même ? Est-il triste lorsque son client est arrivé à la perfection et n'a plus besoin de lui ? « Celui qui a l'épouse est l'époux ; et celui qui est présent est ravi de joie d'entendre la voix de l'époux » [Bible, Jean, 3, v. 29]. Le génie retourne donc à sa source, car sa mission est terminée et son sabbat est venu. Il est un avec les Deux.
55. Le génie demeure donc avec son client tant que l'homme est quaternaire. Une bête n'a pas de génie. Un Christ n'en a pas besoin. Car au commencement tout est lumière latente. C'est le un, et ce un devient deux ; c'est-à-dire le corps et le corps astral. Et ces deux deviennent trois ; c'est-à-dire qu'une âme rationnelle est née du milieu du corps astral. Cette âme rationnelle est la personne ; elle est double en vertu de sa partie terrestre et sa partie divine. Depuis ce moment cette personnalité a une existence individuelle, comme plante ou comme animal. Ces trois deviennent quatre : c’est l'humain. Ce quatrième est l'Esprit (Nous) ; il n'est pas encore un avec l'âme, mais il l'adombre et lui transmet la lumière comme à travers un verre, c'est-à-dire, à travers l'initiateur. Mais lorsque les quatre redeviennent trois, — c'est-à-dire lorsque le « mariage » a eu lieu, et que l'âme et l'esprit sont indissolublement unis, — il n'y a plus besoin de migration [réincarnations] ni de génie. Car l'Esprit est devenu un avec l'âme, et la corde qui les liait se dissout. Et de nouveau les trois redeviennent deux à la dissolution du corps ; puis les deux redeviennent l'un, qui est le Christ-esprit-âme. L'Esprit divin et le génie ne doivent, par conséquent, pas être regardés comme différents, ni encore comme identiques. Le génie est une flamme et il est céleste ; c'est-à-dire qu'il est esprit et, par sa nature, un avec le Divin ; car sa lumière est la lumière divine. Il est semblable à un verre, à une corde, à un lien entre l'âme et sa partie divine. Il est cette claire atmosphère à travers laquelle passe le rayon divin et qui lui trace un chemin dans le médium astral.
56. Sur le plan céleste toutes choses sont personnelles. Par conséquent le lien entre l'âme et l'esprit est une personne. Mais lorsqu'un homme est, selon l'expression mystique « né de nouveau », il n'a plus besoin du lien qui le relie à sa source divine. Alors le génie, ou la flamme, retourne à sa source ; et comme il est lui-même uni à l'âme, le génie devient un avec les deux. Car le génie est la Lumière Divine dans ce sens qu'il en est un des rayons, car il ne possède pas de véhicule qui l'isole. Cependant la teinte de cette flamme diffère selon l'atmosphère céleste de chaque âme. De fait, la Lumière Divine est blanche, car elle est les Sept rayons en Un. Le génie est une flamme d'une seule couleur. Il prend sa couleur de l'âme, et par ce rayon il transmet la lumière de l'Esprit à son Épouse Divine. Les Anges-génii représentent tous les tons de toutes les couleurs.
57. Tandis que sur le plan céleste toutes les choses sont des personnes, sur le plan astral elles ne sont que des reflets, tout au plus des êtres impersonnels. Le génie est une personne parce qu'il est céleste, et qu'il tient de l'âme-esprit ou de la nature substantielle. Mais les astraux sont de nature fluidique n'ayant aucune partie personnelle. Sur le plan céleste, l'esprit et la substance sont un, soit deux dans l'unité, par conséquent leur constitution relève du céleste. Mais sur le plan astral, les êtres n'ont aucune partie individuelle ni divine. Ils sont seulement protoplasmiques, sans noyau ni nucléole.
58. La voix de l'Ange-génie est la voix de Dieu ; car Dieu parle à travers lui comme un homme parlerait au moyen d'un cor ou d'une trompette. On peut ne pas l'adorer, car il n'est que l'instrument de Dieu et le conseiller de l'homme. On doit lui obéir car sa voix n'est pas la sienne mais révèle la volonté de l'Esprit.
59. Ceux donc qui désirent atteindre le Très-Haut ne rechercheront pas ces « guides dominateurs » [esprits astraux, ou élémentaires, v. 48]. Ils garderont leur temple — qui est leur corps — pour le Seigneur Dieu Tout Puissant ; et ils en chasseront les marchands, les vendeurs et les trafiquants occultes. Oui, ils les chasseront, et même avec un fouet de cordes s'il le faut [Bible, Jean, 2, 15].
60. Quant à ces ordres supérieurs de la hiérarchie céleste — à ceux qui, étant des Dieux et des Archanges, sont à l'Esprit Suprême ce que les sept rayons du prisme sont à la lumière, et les sept notes de la gamme au son — leur connaissance relève des plus Grands Mystères ; elle est réservée à ceux qui ont rempli les conditions nécessaires pour y être initiés. La première de ces conditions est l'abstention complète de la chair des animaux pour quatre raisons — spirituelle, morale, intellectuelle et physique — qui correspondent à la constitution quaternaire de l'homme. Ce commandement est impératif. L'homme ne peut pas recevoir, ni les Dieux ne peuvent communiquer les mystères du Royaume du Ciel sous d'autres conditions. Les conditions sont de Dieu, la volonté est de l'homme (2). [retour sommaire]
Note (1) : À propos du recouvrement complet et final de la mémoire, voir l’Appendice, N°II. [retour sommaire]
Appendice II – Par rapport à l’au-delà
Lorsque, à la mort, un homme se sépare de son corps matériel, ce qui survit de lui peut se diviser en trois parties ; l'anima divina appelée on hébreu Neshamah ; l'anima bruta, ou Ruach qui est la persona de l'homme ; et l'ombre, ou Nephesh, qui est le mode le plus inférieur de la substance âme. Chez la plus grande majorité des gens la conscience est recueillie et centralisée dans l'anima bruta ou Ruach ; chez le petit nombre des sages elle est polarisée dans l'anima divina. Or cette partie de l'homme qui passe à travers ou transmigre, — processus appelé par les Hébreux Gilgal Neshamoth, — est l'anima divina, qui est le réceptacle immédiat de l'Esprit Divin. Et puisqu'il n'y a rien autre en ce monde que l'humain, actuel ou potentiel, le Neshamah existe aussi dans les animaux quoique comme une simple étincelle, en sorte que leur conscience n'est que rudimentaire et diffuse. C'est le Neshamah qui finalement s'échappe du monde et est racheté pour la vie éternelle. L'anima bruta, ou l'intellect terrestre est cette partie de l'homme qui retient toute la mémoire terrestre et locale, le souvenir des affections, des soucis et des personnalités du monde, ou de la sphère planétaire, et qui porte son nom de famille, ou nom terrestre. Après la mort cette anima bruta, ou Ruach, reste dans « l'Éden » inférieur, à portée de la vue et de l'appel de la sphère terrestre magnétique. Mais l'anima divina, le Neshamah, — dont le nom est connu de Dieu seul, — passe en haut et continue son évolution, en n'emportant avec lui qu'une petite partie, et la plus pure de l'âme extérieure ou de l'intellect. Cette anima divina est le véritable homme. Elle n'est pas à la portée de l'atmosphère magnétique ; et c'est seulement dans les occasions les plus rares et les plus solennelles qu'elle revient non vêtue à la planète. L'ombre astrale, le Nephesh, est muette ; l’âme terrestre, l'anima bruta ou Ruach, parle et se souvient ; l'âme divine, le Neshamah, qui contient la lumière divine, ne revient ni ne se communique, du moins de la manière ordinaire. L'anima bruta ne peut se souvenir que de l'histoire d'une seule incarnation parce qu'elle est une partie de l'homme astral, or l'homme astral est renouvelé à chaque incarnation du Neshamah.
Les hommes très avancés ne sont pas ré-incarnés sur cette planète, mais sur quelque autre plus près du Soleil. L'anima bruta n'a vécu qu'une seule fois et ne sera jamais réincarnée. Elle continue à exister dans « l'Éden inférieur » comme une personnalité en relation avec la terre et qui conserve les souvenirs bons et mauvais de son unique vie passée. Si elle a fait le mal elle souffre, il est vrai, mais elle n'est pas condamnée ; si elle a fait le bien elle est heureuse mais n'est pas béatifiée. Elle continue en pensée ses occupations favorites de la terre et se crée pour elle-même, au moyen de la lumière astrale, des maisons, des jardins, des fleurs, des livres, etc. Elle demeure dans cet état d'une façon plus ou moins définie selon le degré de personnalité qu'elle a acquis, et jusqu'à ce que l'anima divina, dont elle a été un des temples, ait accompli tous ses Avatars. Alors, avec toutes les autres âmes terrestres qui appartiennent à cette âme Divine, elle est entraînée dans l'Éden céleste, ou le ciel supérieur, et retourne dans l'essence du Neshamah. Mais tout ce qui leur appartient n'y rentre pas ; les bons souvenirs seuls demeurent ; les mauvais tombent dans les couches les plus basses de la lumière astrale où ils se dissipent. Car si, dans son état de perfection, l'âme divine devait constamment garder le souvenir de tout ce qu'elle a fait de mal, de ses malheurs, de ses chagrins terrestres, de ses amours terrestres, elle ne serait pas parfaitement heureuse.
Par conséquent ce ne sont que les souvenirs et les amours qui ont pénétré assez profondément dans l'âme terrestre pour atteindre l'âme divine et pour devenir partie de l'homme, qui retournent au Neshamah. On dit que tous les Mariages sont faits dans le Ciel. Cela signifie que toutes les véritables unions d'amour s'accomplissent dans la sphère céleste qui est au dedans de l'homme. Les affections de l'anima bruta sont fugitives et ne relèvent que d'elle. Lorsqu'on interroge celle-ci ; — le Ruach— elle ne peut parler que d'une vie, car elle n'a vécu qu'une fois. Elle retient tous les souvenirs et toutes les affections de cette vie-là. Si ces dernières ont été fortes l'anima bruta restera près des personnes qu'elle a aimées spécialement et les adombrera. Un seul Neshamah peut avoir, dans la lumière astrale, autant de ces anciens moi qu'un homme peut avoir changé de fois de vêtements. Mais lorsque l’âme divine est arrivée à la perfection et qu'elle est près d'être reçue dans « le Soleil » ou le Nirvana, elle attire en elle tous les moi passés et entre en possession de la partie de leurs souvenirs qui sont dignes d'être conservés, c'est-à-dire de ceux qui ne sont pas de nature à troubler son calme éternel. Dans « les planètes », l'âme oublie ; dans « les Soleils », elle se souvient. Car in memoriâ æternâ erit justus [Ps. A. V. CXII. D. V, CXI, 6]. L'homme ne peut pas posséder ces souvenirs de ses vies passées avant d'avoir accompli sa régénération et d'être devenu un Fils de Dieu, un Christ. Ce n'est que par réflexion que l'homme, qui est sur sa voie ascendante, peut retrouver le souvenir de ses incarnations passées ; et ces souvenirs ne sont pas ceux d'événements usuels, mais de principes, de vérités et d'habitudes antérieurement acquises.
Lorsque ces souvenirs se rapportent à des événements ils sont vagues et viennent par soubresauts parce qu'ils sont des réflexions de ses précédents moi qui l'adombrent du fond de la lumière astrale. Car ces anciens moi, les temples abandonnés de l'anima divina, fréquentent sa sphère, et sont attirés vers elle surtout dans certaines conditions. C'est d'eux qu'elle apprend, par l'intermédiaire du génie, ou de la « Lune », qui éclaire la chambre obscure du mental, et réfléchit sur ses tablettes les souvenirs projetés par le passé adombrant. L'anima bruta croit qu'elle progresse, parce qu'elle a un vague sentiment que, plus tôt ou plus tard, elle sera élevée jusqu'à des sphères supérieures. Mais elle ignore de quelle façon cela se produira, car elle ne peut connaître le céleste qu'en s'unissant à lui. La connaissance qui lui fait croire qu'elle progresse est acquise au moyen de la réflexion des rayons d'âme qui viennent du terrestre. Les hommes avancés sur la terre aident et instruisent l'âme astrale et c'est pour cela qu'elle aime leur sphère. Elle s'instruit par des images intellectuelles ou des pensées réfléchies. Le Ruach a raison de dire qu'il est immortel ; car la meilleure partie de lui finira par être absorbée dans le Neshamah. Mais si on interroge un Ruach qui a même deux ou trois cents ans, il en sait rarement davantage que lors de sa vie terrestre, à moins cependant, qu'il n'obtienne de nouvelles connaissances de celui qui l'interroge. La raison pour laquelle certaines communications sont astrales et d'autres célestes est simplement que quelques personnes — le plus grand nombre — communiquent par le moyen de leur anima bruta et d'autres — le petit nombre qui sont purifiées — par le moyen de leur anima divina. Car les semblables s'attirent. Les âmes terrestres des animaux se rencontrent rarement ; elles entrent en communion avec les animaux plutôt qu'avec l'homme, à moins qu'une affection très forte n'ait existé entre un homme et un animal. Si un homme veut rencontrer et reconnaître sa bien-aimée dans le Nirvana, il faut qu'il l'aime de telle sorte que son affection soit une avec le Neshamah et non pas avec le Ruach. Il y a beaucoup de degrés dans l'Amour. Le véritable Amour est plus fort que mille morts. Car bien qu'on meure des milliers de fois, un seul amour peut cependant se perpétuer au-delà de chaque mort, de naissance en naissance, et croître toujours en intensité et en puissance.
Le Nephesh, le Ruach et le Neshamah sont tous les trois des modes distincts d'un seul et même Être universel qui est à la fois Vie et Substance et qui est l'instinct avec la Conscience puisqu'il est, sous n'importe quel mode, le Saint-Esprit. Par conséquent, dans tous les trois se trouve une potentialité Divine inhérente. L'Évolution, qui est la manifestation de ce qui est inhérent, est donc la manifestation de cette potentialité. La première formulation de cette inhérence, au-dessus du plan matériel, est le Nephesh ou l'âme qui donne l'impulsion aux formes de vie inférieures ou primitives. C'est l'âme « mouvante » qui respire et s'éveille. Celle qui vient après — le Ruach — est le « vent » qui se précipite pour vivifier l'intellect. Plus haut, parce qu'il est plus intérieur et plus central, se trouve le Neshamah qui, porté sur le sein du Ruach, est le réceptacle immédiat de l'Étincelle Divine, et sans lequel celle-ci ne peut pas être individuée et devenir une personnalité indiffusible. Le « Vent » et la « Flamme » sont Esprit ; mais le Vent est général, la Flamme est particulière ; le Vent remplit la maison ; la Flamme désigne la personne. Le Vent est la Voix Divine qui résonne à l'oreille de l'Apôtre et qui passe là où il s'engage ; la Flamme est la Langue Divine qui s'exprime dans la parole de l'Apôtre. Ainsi, donc, dans l'Âme impersonnelle, le souffle et l'inspiration de Dieu sont perçus ; mais dans l'Âme personnelle le langage expresse de Dieu est formulé. Or ce qui est recueilli du Nephesh et du Ruach et qui dure est le Neshamah. [retour sommaire]
Note (2) : Appendice N°III, part, 1 : [retour sommaire]
Appendice III – Par rapport au prophétisme – une prophétie
(1) Par rapport au prophétisme
1. Vous demandez la méthode et la nature de l'inspiration et les moyens par lesquels Dieu révèle la vérité.
2. Sachez qu'il n'y a aucune illumination qui vienne du dehors ; le secret des choses se révèle au dedans.
3. Aucune Révélation Divine ne vient de l'extérieur ; mais l'esprit intérieur porte témoignage.
4. Ne pensez pas que je vais dire ce que vous ne savez pas ; car si vous ne le savez pas cela ne peut pas vous être donné.
5. A celui qui a il sera donné, et il a encore plus abondamment.
6. Nul n'est prophète, hormis celui qui sait. L'instructeur du peuple est un homme de beaucoup de vies.
7. La connaissance innée et la perception des choses, telles sont les sources de la révélation : l'âme de l'homme l'instruit, parce qu'elle a déjà appris par l'expérience.
8. L'intuition est l'expérience innée ; ce que l'âme connaît d'après son passé.
9. Et l'illumination est la lumière de la sagesse par laquelle un homme perçoit les secrets célestes.
10. Laquelle lumière est l'esprit de Dieu au dedans de l'homme, qui lui montre les choses de Dieu.
11. Ne croyez pas que je vais dire quoi que ce soit que vous ne sachiez pas ; tout vient du dedans ; l'esprit qui informe est l'esprit de Dieu dans le prophète.
12. Ce que vous demandez donc c'est quel est le médium, et comment il faut considérer ce que dit celui qui parle en extase ?
13. Dieu ne parle à travers aucun homme de la façon que vous supposez ; car l'esprit du prophète contemple Dieu avec ses yeux ouverts. S'il tombe dans un état d'extase, ses yeux sont ouverts, et l'homme intérieur sait ce qui lui est dit.
14. Mais lorsqu'un homme dit ce qu'il ne connaît pas, il est obsédé ; un esprit impur, ou un esprit qui est lié, est entré en lui.
15. 11 y en a beaucoup de cette sorte, mais leurs paroles sont comme les paroles des hommes qui ne savent pas ; ceux-ci ne sont ni prophètes ni inspirés.
16. Dieu n'obsède aucun homme ; Dieu est révélé ; et celui à qui Dieu est révélé parle de ce qu'il connaît.
17. Christ-Jésus (1) comprend Dieu ; il connaît celui dont il porte témoignage.
18. Mais ceux qui, étant des médiums, expriment, dans un état de transe, des choses dont ils n'ont aucune connaissance et dont leur esprit n'a pas été informé, sont obsédés parmi esprit de divination, un esprit étranger qui n'est pas le leur.
19. Mettez-vous en garde contre eux, car ils disent beaucoup de mensonges, et ils sont trompeurs, travaillant souvent pour le gain ou pour le plaisir ; et ils sont un chagrin et un piège pour le fidèle.
20. L'inspiration peut bien être une médiumnité mais alors elle est consciente : et la connaissance du prophète l'instruit.
21. Même s'il parle dans l'extase il n'exprime rien qu'il ne connaisse.
22. Toi qui es un Prophète tu as vécu beaucoup de vies ; même tu as enseigné beaucoup de nations et tu as affronté des rois.
23. Et Dieu t'a instruit dans les années qui sont passées ; et dans les temps d'autrefois de la terre.
24. C'est par la prière, par le jeûne, par la méditation, par une recherche douloureuse que tu as acquis ce que tu sais.
25. Il n'y a pas de connaissance sans travail ; il n'y a pas d'intuition sans expérience.
26. Je t'ai vu sur les collines de l'Orient ; j'ai suivi tes pas dans le désert ; je t'ai contemplé alors que tu adorais au lever du soleil ; j'ai observé tes nuits de veille dans les cavernes des montagnes.
27. Tu es arrivé par la patience, ô prophète ! Dieu t'a révélé la vérité par le dedans.
(1) Il est entendu ici le Christ-Jésus au dedans, c’est-à-dire la nature humaine régénérée chez n’importe qui elle se trouve. [retour sommaire]