Brefs regards sur l'âge d'or

Dans l'optique de la Doctrine Secrète, on a du mal à imaginer la profonde métamorphose subie par les monades encore innocentes lors de l'intervention de leurs Pères solaires. Une sorte de Révélation première, pour cette famille d'êtres dont « les conceptions spirituelles étaient complètement sans rapport avec l'environnement physique » (S.D. I, 210). Dans le même passage de son livre, H.P.B. précise, à propos de l'homme quasi divin, résidant dans sa forme animale :

« Lorsque, mus par la loi d'Évolution, les Seigneurs de Sagesse infusèrent en lui l'étincelle de la conscience, le premier sentiment qu'elle éveilla à la vie, et à l'activité, fut un sens de solidarité, d'unité (fusionnelle) avec ses créateurs spirituels. De même que le premier mouvement intérieur de l'enfant est pour sa mère et sa nourrice, de même les premières aspirations de la conscience s'éveillant dans l'homme primitif furent pour ceux dont il ressentait l'élément en lui-même et qui pourtant étaient extérieurs, et indépendants, par rapport à lui. La DÉVOTION naquit de ce sentiment et devint le premier moteur dominant dans sa nature ; car c'est le seul qui soit naturel dans notre cœur, qui soit inné en nous, et que nous trouvions aussi bien dans le tout jeune enfant humain que dans le petit animal. »

Âge béni où le même sens d'unité s'étendait aussi à toute la race humaine. Et où ses Progéniteurs pouvaient alors graver en elle - comme en caractères de feu - les grandes idées innées que nous avons signalées plus haut, celles du Beau, du Vrai, du Juste, avec le sens indéracinable de notre « éternité » - affirmé par Spinoza. N'était-ce pas pareillement l'occasion de donner naissance, dans l'homme, à la foi - cet « énorme pouvoir qui, en réalité, peut tout accomplir. Car c'est l'alliance, ou le pacte scellé entre la partie divine de l'homme et son soi inférieur » 21. Sans cette certitude que la connaissance spirituelle se trouve en soi-même, sans cette foi véritable, - ajoutait le même texte cité ici - « comment homme pourrait-il la revendiquer et s'en servir ? »

En revenant maintenant au mythe de Prométhée que nous avons analysé plus haut, il convient de ne pas limiter l'âge d'or aux temps du Premier Éveil de l'humanité, par l'action intérieure des Kumâra infusant en elle « l'étincelle de la conscience » : il s'est largement prolongé, pour fleurir merveilleusement (apprend-on) grâce à l'intervention directe des Grands Aînés qui se sont incarnés sur la terre, comme « des dieux marchant parmi les hommes », afin de guider ceux-ci - qui n'étaient au début que des enfants - dans la voie d'une Civilisation harmonieuse. Les Grecs de jadis n'ont donné qu'un seul nom à tous ces Eveilleurs, Instructeurs et Guides de l'humanité : Prométhée. Sans faire les distinctions que la Doctrine Secrète nous invite à découvrir 22. De ces premiers temps de notre histoire, qui nous semble tenir du miracle, nous avons conservé, quelque part en nous-mêmes, un véritable héritage universel. Mais aujourd'hui, après des millions d'années, notre mémoire humaine a tout oublié de ces merveilles, bien qu'il y ait toujours, au fond de nous-mêmes, la nostalgie de cet âge d'or, avec le besoin des choses sacrées que nous avons pu côtoyer jadis.

Le livre de Mme Blavatsky s'attarde quelque peu sur les débuts de l'Homo sapiens dont la forme, d'abord androgyne, s'est séparée en deux sexes, dans des corps progressivement consolidés, matériels - revêtus de prétendus « habits de peaux »... un mystère que l'auteur dévoile en relisant la Genèse à la lumière de l'ésotérisme de sa théosophie orientale. (Bien entendu, ses explications n'ont pas manqué de m'inspirer dans la rédaction de mon chapitre V). Plus loin, de nombreuses pages sont consacrées par H.P.B. au déroulement des cycles de la vie de la Terre, rythmant des vagues d'évolution intéressant des grands types humains - ce qu'elle appelle des « Races-Racines » - liés à des continents aujourd'hui disparus (Lémurie, Atlantide), à part quelques vestiges encore présents sur le globe. Cependant, tout cela, qui doit bien former un tout cohérent avec l'ensemble de l'ouvrage, c'est pour nous... de l'histoire ancienne. La place manque pour donner même un bref aperçu de ces choses. Pour l'heure, le présent nous tenaille. C'est l'âge sombre. Nous ne savons même pas pourquoi nous sommes ici-bas. Ni ce qui nous attend à l'heure de la mort. C'est là, bien sûr, que nous devons retrouver H.P.B. Car c'est pour répondre à ces questions, et bien d'autres - et pour nous redonner l'espoir au cœur - qu'elle a bravé tout un monde de sceptiques et de sectaires. Avec la lumière de ses propres maîtres spirituels, initiés à la connaissance de tous ces mystères.


21. Ces mots sont empruntés à La Lumière sur le Sentier (pp. 80-81 ), un beau livre publié du temps de Mme Blavatsky, par Mabel Collins qui allait devenir sa collaboratrice.  [retour texte]

22. On a vu plus haut le rôle des Grands Aînés, libérés des contraintes karmiques, et revenant ici-bas volontairement, et par pure compassion, pour conduire, éduquer, initier les nouveaux élèves de l'École de la Vie.  [retour texte]

Section précédente                  Section suivante